Cameroun, Accidents de la circulation: ce que fait la gendarmerie
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Cameroun, Accidents de la circulation: ce que fait la gendarmerie :: CAMEROON

Les accidents de circulation enregistrés au cours du mois d’août ont bien failli faire croire que le nombre d’accidents sur nos axes routiers était en hausse. Il n’en est rien, selon la gendarmerie nationale. Par contre, c’est le nombre de morts qui a inhabituellement augmenté. Cette augmentation a été suffisamment grave pour conduire le gouvernement  à engager « un train de mesures qui vont nous permettre, à coup sûr, d’inverser de nouveau dans de brefs délais cette tendance » selon le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense chargé de la Gendarmerie nationale. Sans aucun doute, la consolidation de la lutte contre l’insécurité routière renforce les efforts consentis depuis 2011  et qui ont permis de réduire le nombre d’accidents de l’ordre de 15 % et de morts de 23 %. CT a rencontré Jean Baptiste BOKAM, qui fait le tour de la question.

Jean-Baptiste Bokam: « Des consignes particulières ont été données à nos hommes »

 Le  Secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie nationaledévoile les mesures prises par le gouvernement pour réduire le nombre des accidents.

Monsieur le ministre, malgré les descentes fréquentes de la Gendarmerie sur les axes routiers, on assiste depuis quelques semaines à une résurgence des accidents de la circulation sur nos routes. N’avez-vous pas le sentiment de prêcher dans le désert ?

Merci de me permettre de dire un mot aujourd’hui à vos nombreux lecteurs. Il y a eu effectivement ces dernières semaines, une résurgence d’accidents mortels de la circulation semant un certain émoi au sein des populations. Mais avant tout propos, permettez-moi de saisir cette occasion pour adresser mes condoléances aux familles si durement éprouvées par la perte de leurs êtres chers dans ces malheureux accidents. Ceci dit, je tiens à préciser que nous n’avons pas connu une augmentation de la fréquence des accidents de la circulation pendant la période dont nous parlons. Ce qui a changé et qui nous préoccupe, c’est le nombre de morts qui a inhabituellement augmenté. Nous avons bien sûr déjà procédé à l’analyse de la situation, et nous avons engagé un train de mesures qui vont permettre à coup sûr, d’inverser de nouveau dans de brefs délais, cette tendance. Vous savez que, tant que la route est fréquentée par les usagers, il y aura risque d’accident. Les efforts consentis par la Gendarmerie depuis juin 2011 ont permis d’infléchir de façon considérable la courbe des accidents de la circulation routière. En effet, depuis 2011, nous avons connu une réduction constante de la courbe des accidents, de l’ordre de 15% et du nombre de morts de 23%. Donc nous ne prêchons pas dans le désert, pour emprunter votre expression. Ce qui est arrivé pendant le mois d’août 2017 nous invite simplement à ne pas dormir sur nos lauriers. C’est pourquoi, nous veillons à l’amélioration constante de la capacité opérationnelle de nos hommes sur le terrain avec l’appui contant du Chef des Armées. Nous avons déjà pris la mesure de cette nouvelle situation. C’est ainsi que des consignes particulières ont été données à nos hommes sur le terrain pour la couverture particulière de cette période de rentrée scolaire, dans le cadre d’une opération spéciale de la campagne de « contrôle-surveillance-répression » des infractions à la circulation routière, avec 18 détachements couvrant toutes les quatre Régions de Gendarmerie sur l’ensemble du territoire national. J’ai d’ailleurs personnellement été sur le terrain du 1er au 03 septembre dernier, assisté des Officiers Généraux de la Gendarmerie, aux fins de veiller à la stricte application des mesures prescrites pour mettre fin à cette mauvaise spirale.

Doit-on penser que les sanctions prises jusqu’alors contre les mauvais chauffeurs n’ont pas été suffisamment contraignantes ?

Certes, l’arsenal juridique actuel est suffisamment dense. Toutefois, face à ce qui est arrivé au mois d’août 2017, nous avons de sérieuses raisons de penser à un durcissement des sanctions pour les cas d’infractions génératrices d’accidents à l’instar des excès de vitesse, dépassements dangereux ou interdits, chevauchements de ligne continue, roues usées, mauvais stationnement sans pré-signalisation, conduite en état d’ébriété ou d’intoxication suite à la consommation de drogues ou stupéfiants, et même de surcharge et de transport clandestin. Nous pensons à cet égard, qu’une révision du cadre normatif de la circulation routière s’impose absolument.

La campagne de « contrôle-surveillance-répression » s’est-elle fixé l’objectif de réduire le nombre d’accidents sur les axes les plus « accidentogènes » ?

L’objectif visé par la campagne de « contrôle-surveillance-répression » des infractions à la circulation routière est effectivement d’infléchir continuellement la courbe des accidents sur nos routes. Pour y parvenir, nous exploitons tous les aspects du dispositif normatif en vigueur dans notre pays, il faut bien noter que l’objectif visé n’est surtout pas de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, bien que cela ne soit pas une mauvaise chose.
Par ailleurs, la réduction continuelle du nombre d’accidents que nous visons ne concerne pas que les axes les plus « accidentogènes ». Elle concerne l’ensemble du territoire national.

Avez-vous pensé aux mesures spéciales pour sécuriser les axes les plus accidentogènes du pays ?

C’est bien évidemment le cas. L’opération a été montée sur la base de statistiques dont nous disposions. Il avait été remarqué en effet à l’époque, que la boucle Yaoundé-Bafoussam-Douala-Yaoundé était la plus « accidentogène » avec 46% d’accidents faisant 50% de morts. C’est pourquoi la priorité a toujours été accordée aux opérations sur cette boucle et également sur l’axe Yaoundé-Bertoua sur la Nationale N°10, devenu ces derniers temps très « accidentogène ». Parlant des mesures spéciales, il convient de noter que, partout où l’opération se déroule, les mêmes consignes sont données. Ces derniers mois en l’occurrence, suite au constat fait de l’implication quasi systématique des camions et bus gros porteurs de transport de passagers dans les accidents ayant semé un certain émoi au sein des populations, un durcissement des contrôles est opéré à l’encontre de ces deux catégories de véhicules. Il a aussi été prescrit à nos Hommes de faire systématiquement cesser les infractions avant de remettre les véhicules en circulation, notamment pour les cas relatifs à l’état technique des véhicules (éclairage, pneumatiques, etc…) et à l’état physique des conducteurs (notamment l’alcoolémie). Nous luttons aussi contre l’hypovigilance conséquente à la fatigue suite à l’accélération habituelle du rythme de travail de ces derniers en cette période de pointe conséquente à la rentrée scolaire. Un accent particulier est enfin mis sur la lutte contre le transport routier clandestin et les surcharges de personnes et de bagages, qui créent quelquefois les accidents ou en aggravent le bilan. Le durcissement des contrôles comporte donc en particulier deux aspects : la mise en fourrière des véhicules et la garde à vue des conducteurs pour tout cas d’activité jugée dangereuse.

Ne pensez-vous pas qu’il est temps de mener une action plus vigoureuse vis-à-vis des compagnies de transport interurbain quand on sait qu’un nombre considérable d’accidents de la circulation est dû à l’utilisation abusive de leurs chauffeurs ?

Vous avez parfaitement raison, mais cette action relève prioritairement d’une autre administration. Toutefois, nous avons entrepris d’associer à la répression qui est de notre ressort, la sensibilisation des professionnels des transports routiers par les partenaires sociaux des syndicats d’employeurs et d’employés. En dehors de la constitution d’un cadre de concertations régulières pour évoquer les questions de sécurité routière, nous avons, ces derniers jours,  effectué avec les responsables des syndicats les plus représentatifs, des descentes sur le terrain, lesquelles semblent avoir marqué les usagers de la route. Cette action sera poursuivie par ces derniers dans les points de chargement de passagers, l’objectif visé étant de sensibiliser spécialement les professionnels du métier, étant entendu que c’est bien eux qui ont été les plus impliqués dans les accidents les plus meurtriers de la circulation survenus ces dernières semaines sur nos routes.

Avez-vous pu évaluer l’impact des sanctions pécuniaires que vos équipes infligent à chaque descente ?

L’impact est évident du fait que, lorsque nous lancions la campagne de « contrôle-surveillance-répressio » des infractions à la circulation routière en juin 2011, un des piliers de l’opération était justement l’exploitation des dispositions pertinentes du Code de procédure pénale en ses articles 606 et suivants, qui confèrent aux officiers de police judiciaire le pouvoir de percevoir directement les amendes forfaitaires sur le terrain. Ceci a l’avantage de permettre que la sanction soit immédiate. Cette instantanéité a eu un impact déterminant sur le comportement de l’usager, nous permettant d’inverser de manière très sensible en moins de six mois, la tendance haussière des accidents et du nombre de morts. Ceci dit, nous restons fidèles au principe de la moindre contrainte, qui voudrait que l’usager soit informé par l’agent verbalisateur, de son choix de payer l’amende ou de se faire entendre sur procès-verbal qui est transmis au parquet territorialement et matériellement compétent, pour la suite de la procédure. Je voudrais saisir l’occasion qui m’est présentement donnée, pour rassurer les usagers de la route de la détermination des pouvoirs publics à continuer à prendre à bras le corps le fléau des accidents de la circulation routière. Nous allons tout mettre en œuvre pour infléchir continuellement la courbe des accidents de la route et des morts conséquentes. Ceci passe également par des mesures de redressement à l’endroit de certains de nos Hommes qui pourraient être tentés de briller par une conduite irresponsable en qualité d’usagers de la route, comme pendant l’exercice de leurs missions de sécurisation des axes routiers, avec une posture de nature à ternir l’image de marque de la Gendarmerie. Toutefois, il est important de toujours rappeler que cette lutte n’est pas qu’une affaire des pouvoirs publics. La période de début des vacances scolaires est particulièrement sensible, en ce sens que les routes sont plus densément fréquentées. Nous devons donc être davantage prudents et adopter des comportements responsables en respectant les règles de circulation routière. La sécurité routière nous concerne tous.

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