Jean Ping déclare la guerre à Ali Bongo
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GABON :: Jean Ping déclare la guerre à Ali Bongo

Dans un discours à la nation le 18 août 2017, le candidat malheureux à l’élection du 27 août 2016 a demandé aux Gabonais d’être « les pèlerins de la protestation  populaire et de sa légitime colère ».

Près d’un an après la tenue de l’élection présidentielle gabonaise sanctionnée par la reconnaissance de la victoire d’Ali Bongo Ondimba (ABO) par la Cour constitutionnelle, Jean Ping continue de vouloir mener [seul] la contestation. L’opposant, principal challenger d’ABO à cette élection a fini par faire tomber le masque le 18 août 2017 lorsque, dans une « adresse à la nation », il a appelé ses compatriotes à « se lever comme un seul homme pour marque solennellement mon arrivée au pouvoir ».

Convaincu de son pouvoir sur le peuple gabonais qu’il dit être tout acquis à sa cause, Jean Ping déclare à son endroit qu’« à partir d’aujourd’hui, je ne vous retiens plus ». Par conséquent, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) enjoint aux Gabonais « d’organiser, dès aujourd’hui et sans limite,, jusqu’au départ des putschistes, toute manifestation civique conforme aux droits à la libre expression, à la liberté de manifester et aux droits fondamentaux prescrits par la Constitution [gabonaise] ». Pour la réussite de l’action qu’il entreprend, le natif de la province de l’Ogooué-Maritime, cheflieu Port-Gentil, exhorte « les leaders, les adhérents et sympathisants de toutes les forces vives de la coalition à mutualiser leurs efforts et leurs actions en vue de porter et d’encadrer de manière responsable la voix du peuple dans nos villes et villages ».

Ce nième appel au soulèvement des masses gabonaises fait suite à une série d’échecs qu’essuie le camp Ping depuis la proclamation des résultats officiels de la présidentielle du 27 août 2017. Et dont le dernier est ce que les partisans d’ABO ont considéré comme « un adoubement de l’Elysée » à leur leader. En effet, à l’occasion de la célébration de la fête nationale du Gabon, le président français, Emmanuel Macron, adressait à son homologue gabonais un courrier de circonstance dont l’authenticité était querellée par la faction Ping. C’est l’Elysée qui avait tranché le débat en reconnaissant la paternité de la missive même si la source jointe par Radio France internationale (RFI) s’était empressée de classer ce geste dans le registre du « classique et traditionnel, pratique habituelle [de l’Elysée] pour la fête nationale ». Pour en contester l’authenticité, Jean Ping et ses compères se fondaient sur le fait que le 05 avril 2017, moins d’un mois avant son arrivée au pouvoir, celui qui n’était encore que le porteflambeau du mouvement « En Marche » pour la présidentielle française avait déclaré que « […] l’élection de Monsieur Ali Bongo est pleine d’incertitudes et de d’inconnus qui justifient un jugement circonstancié ».

Les partisans de M. Ping s’étaient d’ailleurs engouffrés dans cette brèche pour demander au nouveau chef de l’Etat français en mai 2017 de « reconnaître la victoire de leur champion ». Le courrier d’Emmanuel Macron sonne donc pour le camp Bongo comme « un camouflet [pour Ping] ». La démarche actuelle de Jean Ping s’inscrit pour autant dans une logique entamée depuis le 09 octobre 2016 lorsque sur son compte Twitter, il lance ce qu’il appelait déjà « la résistance du peuple » en créant « le Comité gabonais de la résistance (CGR) ». Qu’il charge de « coordonner la mobilisation qui pourrait prendre plusieurs formes ».

Pour son promoteur, le CGR devra « mutualiser les contacts, sensibiliser et mobiliser toutes les institutions dans lesquelles l’opposition est représentée l’opposition à savoir l’Assemblée nationale, le Sénat et les conseils municipaux et régionaux ». Dans le même temps, Jean Ping engage des actions de lobbying auprès de la communauté internationale, notamment l’Union européenne, l’Organisation des Nations unies, les États-Unis d’Amérique. Objectif, faire voter des sanctions contre ABO et les dignitaires de son régime.

Un pari difficile à gagner aux yeux des observateurs dont les analyses vont s’avérer pertinentes par la suite. En interne, Jean Ping commence à voir des fissures apparaître dans son camp surtout à la faveur de la tenue dès le 28 mars 2017 du dialogue politique national par le pouvoir de Libreville. « La seule possibilité qui nous reste est d’explorer la voie du dialogue pour initier et imposer des réformes pour que les élections à venir soient meilleures que celles qui viennent de se dérouler », déclarait à RFI le directeur de campagne de Jean Ping, Ndemezo’o Obiang.

Qui justifiait ainsi sa participation à ce conclave pendant que se tenait un autre dit du même type par ses anciens collègues. Au final, on le voit bien, et nous l’avions déjà signalé dans l’une de nos éditions passées, Jean Ping, lâché par la communauté internationale, lâché par quelques unes des grosses têtes de son camp, voudrait continuer d’exister dans un environnement où il a longtemps été lâché par un peuple au nom duquel il croit toujours s’exprimer. La preuve, après sa sortie, les échos qui nous parviennent du Gabon indiquent qu’« après le discours de Ping, la population a sereinement vaqué à ses occupations».

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