Propagande : Paul Biya se sert de la Can 2019 pour battre campagne
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Des extraits de discours et des effigies du président de la République qui a pris l’engagement solennel jeudi dernier, de ce que le pays hôte de la prochaine Coupe d’Afrique des nations, sera prêt, inondent et illuminent certains grands carrefours de Yaoundé et Douala.

«La Can 2019, c’est déjà demain et le Cameroun sera prêt le jour dit, j’en prends l’engagement ». Il a suffi de ces quelques phrases pour mettre le feu aux poudres. Ces morceaux choisis du discours du chef de l’Etat, prononcés lors de la réception au palais de l’Unité, des médaillés aux compétitions internationales jeudi dernier, a donné le la à une vaste campagne (publicitaire) dont les premiers résultats sont visibles dans certaines artères de la ville de Douala. En effet, cet extrait du speech de Paul Biya est repris sur des écrans Led installés aux carrefours Saint Michel, « Marché des fleurs », Ecole publique de Deido, au Rond-point Deido, à Makepe et à Bonaberi.

Le choix des lieux et la vitesse avec laquelle cette nouvelle propagande s’est répandue, en dit long sur les intentions de ses initiateurs, recrutés parmi ceux des collaborateurs du premier sportif camerounais,  convaincus que celui-ci restera éternellement leur «créateur». Alors que la Confédération africaine de football (Caf) attend de voir des stades sortir de terre, le pays hôte flambe des sommes faramineuses pour mettre en vitrine les promesses du Nnom’gui.

Les exploits sportifs oubliés

De quoi laisser songeur certains analystes sportifs qui estiment que le pays de Roger Milla vient une fois encore de manqué le coche à 22 mois d’une compétition où il est attendu au pied du mur. Usé par trente-cinq années de pouvoir, le « messie » de 1982, a pourtant levé toute équivoque sur le challenge et les capacités du Cameroun, à tenir le pari de l’organisation de cette Can. Fidèle à un rituel de campagne électorale qu’il connaît par cœur parce que l’exerçant depuis 1992, Paul Biya, de manière théorique, a tiré le rideau sur le doute, les imprécisions et indécisions sur le rendez-vous de 2019.

A l’écouter, on s’est dit que la Can est déjà  réussie. Mais, au lieu de le prouver à travers des actions et des actes concrets sur le terrain où la réalité des chantiers attise les inquiétudes des Camerounais quant à leur réalisation, on verse à nouveau dans de nouveaux slogans politisés et malvenus. Revoici donc ses effigies, accompagnées de banderoles ou de messages parfois insensés qui s’invitent à la Can, une compétition sportive qui s’accommode mal des élans de propagande politicienne.

Un culte de la personnalité qui enjoint parfaitement le griotisme à outrance dans lequel excellent les « créatures » de l’homme Lion. La campagne d'affichage inspirée par les mots à la volée du chef de l'État, aurait pu être intelligemment orientée sur la promotion du Cameroun ou des exploits des équipes et athlètes du Cameroun qui font que nous sommes une destination naturelle des grands événements sportifs. On l’aurait compris. Mais de là à jouer les récupérateurs, cela manque d’élégance, de reconnaissance et d’humilité.

Le football comme fusible

Le Cameroun reste donc fidèle à lui-même. Oublier l’essentiel pour vanter le futile. Un one man show qui dure depuis des lustres. Entre annonces pompeuses, promesses fallacieuses, l’homme du Renouveau et son gouvernement sclérosé n’ont levé aucun mur. Il fallait attendre la Can pour relancer la propagande et continuer de couvrir d’éloges le champion du Rdpc, plus occupé à se servir des équipes nationales de football pour désamorcer une forte contestation sociale et politique, préservant ainsi son pouvoir d’un embrasement quasi certain à l’aube des années 90. Lui qui n’a su que tirer les dividendes politiques des prestations de ces jeunes patriotes sans investissements. Sans véritable politique sportive.

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