Diplomatie : Les taxes qui créent les tensions à Bakassi
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Après enquête, le Nigéria reconnaît que l’armée camerounaise n’a tué aucun pêcheur. Toutefois, des Nigérians refusent de payer l’impôt.

Les enquêtes sont bouclées dans l’affaire des supposés 97 pêcheurs nigérians tués à Bakassi par des gendarmes camerounais. Rien n’était donc vrai. L’armée camerounaise n’a tué personne. Tels sont les résultats des investigations menées au Cameroun par les missions diplomatiques du Nigéria, à savoir le haut-commissariat basé à Yaoundé et le consulat de Buea. Ces conclusions ont été rendues publiques par le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama.

C’est du Nigéria qu’étaient venues les accusations contre l’armée du Cameroun. Des gendarmes auraient tiré sur des pêcheurs nigérians qui refusaient de payer la taxe prélevée sur leur activité par le fisc camerounais. La réponse du Cameroun était venue du ministre de la Communication, Issa Bakary Tchiroma. « Dans la nuit du 3 juillet 2017, les autorités municipales d’Idabato ont lancé une opération de recouvrement des taxes et impôts dus dans la localité concernée. Cette opération s’est heurtée à l’hostilité manifeste de certains ressortissants nigérians, au motif qu’ils se trouvent en territoire nigérian.

Les concernés ont par ailleurs brutalisé les membres de la commission de recouvrement fiscal déployés sur le terrain et menacé de détruire divers édifices privés et publics en guise de protestations. Dans le même temps, certains d’entre eux, avec le soutien des médias nigérians, ont engagé une campagne visant à accuser le gouvernement camerounais d’atrocités à leur encontre », avait écrit le porte-parole du gouvernement dans un communiqué.

Les accusations ont été levées par le ministre nigérian des Affaires étrangères. Pourtant, les tensions sont loin d’être dissipées sur la péninsule de Bakassi. Selon le rapport publié parGeoffrey Onyeama et la sortie du ministre Issa Bakary Tchiroma, plusieurs Nigérians sont réticents à payer les taxes. En face, le nouveau sous-préfet camerounais est décidé à les soumettre à l’impôt local. Les hommes menant des activités de commerce et de pêche doivent payer 100 000 F.Cfa et les femmes 55 000 F.Cfa.

Les  Eglises paient quant à elle 90 000 F.Cfa. Par ailleurs, selon le ministre des Affaires étrangères du Nigéria, la taxe sur le paquet de poissons est passée de 360 à 1 800 F.Cfa. Les bouchers doivent payer 1 800 F.Cfa par chèvre qu’ils ont abattue. Pour toute violation de ces règles fiscales, le coupable doit payer une amende qui équivaut à 200% du montant initial. Selon la partie nigériane, autorités locales camerounaises ont menacé d’user de la force pour contraindre les Nigérians à payer les taxes.

C’est pourquoi  beaucoup ont fui leurs habitations et se sont réfugiés à la jetée de Ikang. Sur le chemin retour, certains se seraient noyés. Sur le statut des Nigérians installés sur la péninsule de Bakassi, la position du Cameroun est résumée par un cadre du ministère des Relations extérieures.

« Le Cameroun exerce une pleine souveraineté sur ce territoire depuis le 13 août 2013 qui marque la fin de l’accord de Green Tree. C’est aussi la fin de la période du régime spécial transitoire pendant laquelle les Nigérians restés à Bakassi n’étaient assujettis ni au payement du moindre impôt, ni au contrôle de leur identité. En plus, les autorités camerounaises n’avaient aucun droit d’ingérence dans les fêtes et manifestations de cette communauté. Après cette période, les Nigérians devaient choisir entre plusieurs options.

Soit retourner Nigéria, soit rester au Cameroun. En restant, ils devaient soit demander la nationalité camerounaise, soit demeurer des Nigérians. Dans ce dernier cas, ils devenaient des étrangers ordinaires et devaient dès lors se faire établir une carte de séjour. Pourtant, le gouvernement du Cameroun a encore laissé passer 2 années, au cours desquelles aucun impôt n’était prélevé sur les activités de cette communauté. Lorsqu’il a fallu appliquer l’imposition, les résistances ont commencé l’an dernier. Il est inadmissible que des Nigérians refusent de payer la taxe alors que celle-ci est prélevée sur les activités des autres étrangers, et même des Camerounais vivant à Bakassi. »

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