François Moubandje : le «Lion» de Vieusseux
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Né au Cameroun, le footballeur est arrivé à Genève à l’âge de 8 ans. Il s’est construit à travers toutes les étapes et garde enfouis en lui les précieux moments de son enfance. Il se raconte.

Sans doute les odeurs d’un bon ndolé, ce plat typique de chez lui, le ramèneront-elles toujours à son enfance passée à Douala, mais François Moubandje (27 ans) ne vit désormais plus à l’heure camerounaise. Près de deux décennies après avoir quitté sa terre natale, le footballeur genevois ne tape plus dans le ballon à pieds nus, mais bien avec une paire de crampons portant les drapeaux de sa patrie d’enfance et de celle à présent inscrite sur son passeport: la Suisse. International helvétique et joueur du Toulouse FC, le garçon a parfaitement mené sa barque. Le voici connu et reconnu, mais dans son ADN, sur son arbre de vie, resteront à jamais fixés les moments ayant participé à la construction de son être. Qu’il le veuille ou non, ce personnage attachant est imprégné de sa double culture. Il le sait, en joue et en rigole. «J’ai en permanence le sourire du Camerounais, mêlé au calme et à la réflexion du bon Suisse», glisse-t-il.

Cela n’était pourtant pas gagné d’avance lorsqu’à l’âge de 8 ans, il a été contraint de dire au revoir à Douala et au ndolé de sa grand-maman pour rejoindre sa mère à Genève. Ou comment le «Lion Indomptable» est passé d’un continent à l’autre et a plongé dans un univers de différences. «Quitter le Cameroun a été un déchirement, confie-t-il. J’étais très attaché à ma grand-mère, qui était comme ma maman. Elle m’avait élevé jusque-là. En Suisse, je débarquais totalement. J’étais timide et je ne connaissais pratiquement pas ma mère…»

Plus Suisse que Suisse

Désorienté, François Moubandje a trouvé son salut dans son quartier de Vieusseux, puis dans le ballon rond. «J’ai eu la chance de tomber dans un lieu de mixité, avec diverses cultures. Cela m’a aidé à m’intégrer car ceux qui étaient déjà là avaient également dû se fondre dans la vie genevoise. Je me suis vite fait des amis. Notamment en me rapprochant de ceux qui jouaient au foot.» Et d’une manière particulière, qui plus est! «En rejoignant les autres sur le terrain, je me suis immédiatement mis pieds nus pour jouer, se marre aujourd’hui le défenseur. Ils se sont tous demandé ce que je faisais…»

Vingt ans plus tard, François Moubandje a fait sa mue. Certainement que son passage d’ailier à latéral sur le terrain a contribué à le faire devenir presque plus Suisse que Suisse. Au tempérament offensif du Camerounais a en effet succédé dans son jeu le côté plus prudent et défensif de l’Helvète. La remarque le fait rire. «Vous n’avez pas tort», lâche-t-il, tout en revendiquant sa «suissitude». «J’ai certes passé une partie de ma vie à Douala et cela restera gravé en moi, mais les liens que j’y possédais sont tous morts. Ainsi, lorsqu’il a été question que je choisisse une sélection, ma mère a toujours privilégié l’idée que je porte le maillot rouge à croix blanche plutôt que celui du Cameroun. Moi aussi. Car je suis bien ici, j’ai grandi ici, j’ai même la mentalité d’ici.»

Railleries et taquineries

Plutôt réservé de prime abord, l’ex-joueur du Servette FC se révèle comme un personnage bavard, agréable, mais posé, aussi. «Comme un Suisse, je pense et je réfléchis avant d’agir, se marre-t-il. Le Camerounais, lui, est dans l’agitation, la fête, la joie. Et il passe à l’acte avant même de réfléchir. Sans oublier qu’il est un peu moins sérieux, qu’il n’a pas forcément le sens de l’organisation.»

François Moubandje a en revanche la rigueur inscrite en lui. Il est un bosseur dans l’âme, qui a toujours fait passer le travail avant le reste. Parce que depuis gamin, il se rêvait footballeur pro. «Je voulais absolument réussir dans ce domaine, j’étais prêt à tous les sacrifices pour cela, concède-t-il. Même lorsque ma mère m’obligeait à rater des entraînements pour aller au catéchisme, je me suis promis de ne jamais rien lâcher.» Il s’est accroché, en puisant justement dans sa double culture les ressources nécessaires pour ne pas baisser les bras. A savoir qu’il a gardé le sourire dans les moments difficiles tout en remettant les mains dans le cambouis et en se montrant encore plus discipliné pour relever la tête.

Un comportement qui lui a parfois valu des railleries, au Cameroun. «La dernière fois que j’y suis allé, en 2010, on m’a taquiné sur mes habitudes, sur ma façon d’être, qui est forcément différente des coutumes de là-bas depuis que je vis en Suisse.» Et a contrario, a-t-il été victime de racisme, à Genève? «Pas plus que cela», souffle-t-il. La reconnaissance et la bienveillance des gens envers l’international helvétique ont pris le pas sur tout le reste.

Et François Moubandje de conclure: «Parfois, je suis encore désorienté, mais je sais ce que je dois à la Suisse. Elle m’a appris des choses et offert une bonne éducation. A Toulouse, je me suis d’ailleurs fait ambassadeur de notre pays. Je voulais montrer qu’un Helvète pouvait réussir en France. J’ai toutefois dû forcer ma nature pour ne pas me faire écraser. Mais au final, je suis content de celui que je suis devenu.»

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