Bamenda : Un défilé sous haute sécurité
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Ville morte, incendie, intimidations, ... Grâce à divers artifices, les autorités administratives ont produit un défilé de deux heures.

Entre 10h08, heure de l’arrivée du gouverneur Adolphe Lele Lafrique à la place des fêtes de Bamenda et 12h33, heure de la fin du défilé, il s’est écoulé 2h15mn. Période pendant laquelle la plus haute autorité du Nord Ouest a procédé à la revue des troupes, à la décoration de 37 médaillés et au défilé militaire et civil. Une vraie prouesse, au regard du contexte particulier de cette région, marquée par un appel diffus à la ville morte. Dans une tribune à moitié occupée dans sa première phase par les étudiants de l’Université de Bamenda reconnaissables par leurs costumes noirs ou bleuciel, les invités ont assisté au défilé militaire, à pied et motorisé, qui a duré 48mn.

Quatre fois que celui des scolaires qui n’a fait que 14mn. En effet, dans une ville aussi lotie, seuls trois écoles primaires et six lycées ont pris part au défilé. De nombreux établissements programmés ne sont finalement pas présentés. Ainsi des lycées techniques de Bamendakwe, Nkwen et Bamenda, de la Sar/Sm d’Atuafon Mankon, du Lahmoteh Vocational Training centre ou du Nazareth agro-pastoral training and production centre. Trois écoles primaires ont défilé : l’école publique francophone de Up Station, qui situé dans le camp militaire ne connaît pas le débrayage et le Governement Bilingual School de Upper Bayelle. Très appaludie, l’Ecole publique les Champions a aligné 18 élèves pour 10 maîtres.

Au niveau du secondaire, ceux qui ont défilé présentaient des effectifs squelettiques. Si le lycée bilingue de Bamendakwe avait trois carrés, celui d’Atiela a aligné 9 gaillards qui s’entraînaient à l’exercice à l’angle de la place des fêtes. Le lycée bilingue de Nitop avait 44 élèves, celui de Bayelle 71 élèves, celui de Down Town 38, le lycée bilingue de Bamenda 45 élèves tandis que le lycée de Mankon n’est pas venu. Aucun établissement missionnaire, malgré la présence à la tribune de Mgr Cornelius Fontem Esua, archevêque de Bamenda et de son auxiliaire, Mgr Michael Bibi.

Mobilisation payante

C’est l’entrée en scène de l’Université de Bamenda, avec ses nombreuses filières, qui va donner du relief au défilé. Elle prendra 9mn. Pour meubler le temps, les autorités ont fait défiler les personnels des services publics. Différentes délégations régionales d’une vingtaine de ministères vont ainsi battre le pavé, accompagnées des organismes comme l’Anafor, le Feicom, le Matgénie, le centre artisanal, etc.

« C’est une nouvelle fête du travail ? », s’est étonné un spectateur face au déploiement d’un grand carré de l’Hôtel Ayaba, un hôtel du portefeuille du Ministère du Tourisme et des loisirs dans la localité. Côté partis politiques, le parti au pouvoir a peiné pour occuper le terrain à lui laissé par ses concurrents habituels. L’on se rappelle que le Sdf a décidé de boycotter la fête, en raison de « l’exclusion, la violation des droits fondamentaux et la répresssion » pratiqués par le gouvernement. Pour sa part, le Mrc de Maurice Kamto avait subordonné sa participation à de bonnes conditins de sécurité. Ce qui, semble-t-il, n’était pas le cas. Sur des airs du « bakulum », un rythme traditionnel de la Mezam, les sections Rdpc de la Mezam 1 a, b et c ont improvisé pendant 15mn une parade dansante sur la place des fêtes, munies de branches d’arbre de la paix. Un danseur est même allé remettre une tige au gouverneur, malgré un protocole teigneux.

Insécurité

Tous les militants sont arrivés sur la place des fêtes avec leurs tenues dans des sacs plastiques. L’on a vu de nombreux cadres foncer dans les vestiaires des tribunes quelques minutes avant. Immédiatement après le passage, même les plus grands responsables ont ôté cette tenue qui ne garantit plus la sécurité de son porteur. Trois partis de « l’opposition » ont pris part à cette parade, avec un carré. L’Union pour la bienveillance du Cameroun (Ubc), United Democratic Party et The Patriots, tous inconnus des populations de Bamenda.

Tous ces partis, à commencer par le Rdpc ont mis à contribution la présence des étudiants de l’Université de Bamenda. Certains ont défilé deux fois, portant parfois un t-shirt sur l’autre. D’autres ont porté le t-shirt de leur parti de circonstance sur la veste, pour ne pas perdre de temps. La contrepartie, selon ces jeunes, était de 3.000F.

Les défileurs partis, la ville est retombée dans sa torpeur habituelle, jusqu’à la tombée de la nuit. La plupart des jeunes défilants est arrivée sur la place des fêtes à bord de minibus réquisitionnés à l’effet et à bord desquels des policiers armés se tenaient en vue. Ils sont répartis de la  même façon. Pas d’enthousiasme dans les quartiers. Les débits de boisson étaient fermés. Un concert de l’unité, avec André Marie Tala comme invité, a eu lieu au Congress Hall, un lieu hypersécurisé, où logent les troupes mobilisées depuis le début de la crise.

Très  tôt le matin, les conducteurs de mototaxi ont pris d’assaut les agences de voyage, pour convoyer les voyageurs nocturne. Vers 8h, il n’y avait pas l’ombre d’un résident dans la rue, alors qu’elle grouillait de monde des minutes auparavant. Les curieux suivaient les événements à la radio, même si un groupe de téméraires côtoyait City Chemist. Progressivement, des curieux sont arrivés. Dans les différents carrefours aux alentours de la Commercial avenue, théâtre des festivités, des camions antiémeutes étaient postés, prêts à agir. Le déploiement des forces de l’ordre était  exceptionnel.

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