Corruption : Comment les places s’achètent chez les Lions
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Aussi vieille que la sélection nationale elle-même, la pratique prospère avec la complicité diligente de la Fécafoot.

Fin 2016, le défenseur Serge Tchaha Leuko ameute des amis au sein de la presse camerounaise pour faire une révélation grave. « On m’a pris 6.000 euros pour une sélection chez les Lions et je n’ai jamais été appelé », se plaint-il. Selon des sources, le joueur qui évoluait alors au Cd Lugo, club D2 espagnol, aurait remis 4.000 euros comme avance et devrait s’acquitter des 2.000 euros restants après sa convocation pour la double confrontation en éliminatoire de la Can 2017, face à l’Afrique du Sud.

Ignoré lors de cette liste alors qu’il était déjà passé à la caisse, Serge Leuko avait clairement indexé Alphonse Tchami, l’actuel Team Manager des Lions, qui aurait été à la manoeuvre pour cette transaction. « Calme-toi et ton problème sera résolu », lui aurait-on alors dit dans l’entourage des Lions Indomptables. Cette patience sera finalement récompensée par une convocation « anecdotique » lors du regroupement des Lions à Bruxelles pour le match amical face à la Tunisie et contre la Guinée Conakry.

Une convocation pour la forme, juste pour payer une dette car le défenseur a été logiquement balayé dans la nouvelle liste publiée mercredi dernier par Hugo Bross. « Il ne se faisait pas trop d’illusions ; l’essentiel était d’avoir cette sélection pour faire monter sa côte », glisse-t-on dans l’entourage des Lions. Exit donc Tchaha, d’autant plus qu’il faut faire tourner le comptoir.

Les bons comptes

Et cette fois, c’est Stéphane Bahoken, le fils de l’ancien Lion Indomptable Paul Bahoken, qui a failli passer à la trappe. Contacté par l’un des membres de la direction technique nationale, il lui a été clairement signifié qu’il devait payer pour intégrer les Lions. A la peine avec son club de Strasbourg où il tarde à émerger, le jeune attaquant se serait plutôt montré ouvert.

« Voyez ça avec mon père », a-t-il alors suggéré. Paul Bahoken, le père, a par la suite contacté un agent de joueurs camerounais basé en France pour savoir comment « gérer ce dossier ». « Ne paie rien », lui a alors fermement conseillé ce dernier pour le dissuader de tomber dans ce traquenard. Car au fait, il s’agit bien d’une arnaque savamment orchestrée par des membres de la Fécafoot et de la sélection nationale. « Ils contactent des joueurs pour leur promettre des sélections, mais ils savent bien que ceux-ci ne peuvent pas jouer en raison de leur niveau.

L’idée est de booster leur Cv », indique un observateur de la scène footballistique locale. Et que fait le sélectionneur national ? « Il subit des pressions pour certains joueurs mais reste ouvert. N’oublions pas que des joueurs comme Mabouka ou Bassogog, lui ont aussi été proposés. A la fin, ils se sont avérés être de bon joueurs, pour Bassogog par exemple », souligne notre source. Il reste que des responsables tapis dans  l’ombre profitent de cette ouverture pour renflouer leurs comptes bancaires.

« Le sélectionneur leur réserve quelques places et tout le monde trouve son compte », explique encore notre interlocuteur. Outre ces dirigeants discrets mais efficaces, des agents de joueurs continuent de hanter les couloirs de Tsinga pour faire sélectionner leurs protégés. Dans cette rubrique, la figure emblématique reste Maxime Nana, l’agent à tout faire de la sélection nationale. Il a, avec lui, une dizaine de joueurs de la sélection actuelle (dont Aboubakar, Moukandjo, Zoua, Salli…) et sait jouer des coudes pour remettre ses protégés sur orbite.

Un exemple : Jérôme Guihoata qui végète en Grèce après un passage éclair en sélection est à nouveau appelé alors que personne ne connaît ses états de service en club. L’idée est simple. Lui fabriquer une côte pour pouvoir le rendre plus attractif sur le marché. Une fois un nouveau contrat signé, les différentes parties peuvent alors se répartir la mise. Les Lions sont toujours un comptoir, avec le phénomène de « péage ».

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