À propos de l'élection présidentielle française 2017 : L’Afrique absente
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FRANCE :: À propos de l'élection présidentielle française 2017 : L’Afrique absente

Les Français sont à quelques jours du deuxième tour de l’Élection présidentielle 2017, au cours de laquelle ils auront à choisir comme président de la République pour une durée de cinq ans, entre d’un côté, Marine Le Pen, héritière de son père et représentante du Front National, parti d’Extrême Droite française, dont l’idéologie raciste et xénophobe, attribue les problème de précarité et de chômage que vivent certains Français aux immigrés –notamment venant d’Afrique noire – et grosso modo, aux étrangers vivant en France. 

Et de l’autre, Emmanuel Macron, un technocrate, néophyte en politique, provenant de l’écurie du président sortant, représentant emblématique de la classe supérieure et d’une jeunesse diplômée adepte de la mondialisation économique et culturelle triomphante.

En tant qu’observateur de la géopolitique internationale et singulièrement de la politique française, je voudrais donner ici mon point de vue sur la vision des deux qualifiés concernant les relations – si anciennes – entre l’Afrique et la France, à l’aune de la « Françafrique », tant décriée. Avec raison.

Constatant après une lecture attentive des programmes et projets politiques des onze candidats au départ, l’absence de l’Afrique à la partie dédiée aux affaires diplomatiques sur les différents programmes, j’ai adressé avant le premier tour, au nom de l’Institut du Panafricanisme que je préside, un courrier aux cinq principaux candidats ; pour leur demander de nous faire connaître la teneur de leurs propositions concernant la nécessité d’établir de nouvelles relations entre l’Afrique et la France.

Les réponses reçues – peu nombres au demeurant –, démontrent à l’évidence qu’il existe encore vivace chez certains leaders politiques français, un complexe de supériorité, teinté de mépris et d’ignorance.
En cela, le discours controversé de Nicolas Sarkozy en Juillet 2007 à Dakar, fut révélateur en son temps, de moins de considération que revêt aux yeux des dirigeants français, la place de l’Afrique dans l’élaboration des stratégies géopolitiques par leurs Etats-majors politiques. Du moins pas à juste mesure au regard d’importants changements – pour ne pas dire bouleversements – qui s’opèrent à grande vitesse en Afrique ; ce qui augure l’avènement d’Africains de type nouveau.

Avec l’élection probable d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française, une jeune recrue sans une réelle expérience politique, qui n’est à comparé ni à Alexandre le Grand ni à Napoléon Bonaparte – n’en déplaise à l’éloge dithyrambique François Bayrou –, la défaite de la Droite française – alors que de l’avis général, elle était imbattable vu l’échec de Hollande – est imputable, de mon point de vue, en grande partie à Nicolas Sarkozy. Pourquoi ? Parce qu’alors qu’Alain Juppé était le candidat idéal de la Droite et du Centre pour gagner cette élection – tous les sondages le donnait gagnant dès 2015 –, en le qualifiant d’incarner une « alternance molle » et en martelant avec force et insistance durant toute la campagne des Primaires de cette famille politique, Nicolas Sarkozy a profondément semé le doute chez ces électeurs, permettant ainsi le choix de François Fillon. Nous connaissons aujourd’hui la suite. Bien sûr, François Fillon, du fait de son entêtement et de son enfermement dans un orgueil incompréhensible, par son refus obstiné d’être remplacé par Alain Juppé – manquant ainsi à sa parole – porte aussi une grande responsabilité dans ce « Bérézina ». Vu sous cet angle, Hollande aura été plus malin que Sarkozy, en gagnant deux fois sur ce dernier, ne fut-ce que par Macron interposé !

L’enseignement a retenir sur cette absence de propositions de la part des candidats à l’Élection présidentielle française 2017, est à mon sens le suivant : puisqu’il y a , chez les dirigeants politiques français, hier comme aujourd’hui, une absence de volonté manifeste d’initiatives pour l’établissement de nouvelles relations entre l’Afrique et la France – mais c’est valable tout autant avec les autres partenaires du continent noir – sur la base de considération et de respect, de sauvegarde d’intérêts mutuellement bénéfiques, un changement dans les relations de l’Afrique avec ses partenaires s’impose. Du fait de la colonisation et de la mauvaise gouvernance, de 300 000 à 350 000 Africains d’origine sub-saharienne vivent, étudient et travaillent en France. Ils occupent des emplois que les Français dits de « souche » n’en veulent pas : agents de sécurité, gardes d’enfants et de personnes âgées, aides-soignants dans les maisons de retraites. Mais aussi de nombreux médecins, sous payés, de prêtres africains pour pallier aux pénuries dans ces secteurs… De même, pour des raisons économiques, 300 000 Français environ sont installés dans les 48 pays d’Afrique noire : ils sont cadres dirigeants, chefs d’entreprises ou représentants de grands groupes multinationaux. Ils gagnent des salaires trois, cinq voire dix fois supérieurs à ceux de leurs homologues ou collègues locaux. Ils occupent de somptueuses villas avec de nombreux domestiques à leur service, des filles faciles, proies captives d’une aliénation plus que jamais prégnante, prêtent à tout pour avoir son « Blanc » !

De nouvelles relations basées sur un pied d’égalité et sur une stricte réciprocité : refus de visas d’un côté, refus de visas de l’autre ; à l’expulsion d’un immigré africain, doit correspondre une expulsion d’Afrique d’un Français.

Aussi revient-il aux leaders africains, aussi bien politiques que de la société civile, de revoir profondément les relations du continent avec cette France qui continue à soutenir activement – notamment dans ses anciennes colonies – des régimes politiques corrompus – avec des chefs d’Etat qui se comportent comme de véritables satrapes au service d’intérêts et privilèges économiques de l’ancienne puissance coloniale – ; cela, au détriment des malheureuses populations autochtones qui sombrent chaque jour davantage, dans une pauvreté indicible nonobstant d’immenses ressources que regorgent ces pays, et d’une jeunesse africaine en déshérence, qui cherche désespéramment la survie dans une émigration mortifère.

Richard MBOUMA KOHOMM est le Président de l’Institut du Panafricanisme
www.ipa-cause.org
E-mail : mkohomm@gmail.com
Mobile : 06 62 00 75 47

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