Afrique - Point de vue: Le Franc CFA exit…
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À la dernière rencontre des ministres des Finances de la zone Franc à Abidjan, le ministre français de l’Économie Michel Sapin a indiqué que ce n’est pas à la France de se prononcer sur l’avenir du FCFA. Cette déclaration fait largement sens depuis que l’euro est mis en circulation le 1er janvier 2002 sous sa forme fiduciaire.

Michel Sapin a dit;  « Ce n’est pas un sujet que j’aborde, car c’est un sujet qui appartient aux Africains. Le Franc malgré son nom est la monnaie des Africains, ce n’est plus la monnaie de la France, il a disparu en Europe. Sur toutes ces questions-là, c’est aux Africains de se prononcer et ce n’est pas à nous de le faire à leur place ».

Effectivement, le Franc a disparu depuis que la France a intégré l’euro. À ce moment-là, la France s’est activée auprès de l’Union européenne depuis Maastricht pour maintenir sa part de relation intra-européenne sur le CFA. C’est-à-dire maintenir tous les mécanismes techniques du CFA à la nouvelle monnaie de référence de la France — l’euro. Le reste des décisions franco-africaines du CFA incombent donc aux Africains.

Relation intra-européenne sur le Franc CFA 

Avant l’entrée à l’euro, la France se questionnait sur l’avenir du CFA compte tenu de son rattachement au Franc français qui devait disparaitre. Pour cette question, la France a utilisé la théorie des jeux à somme nulle. Le 1er janvier 2002 date à laquelle le Franc CFA n’était plus diplomatiquement lié au Franc français, la France a travaillé et obtenu le rattachement du Franc CFA à l’euro en maintenant les mêmes privilèges, garanties et son rôle institutionnel vis-à-vis des Africains.

Dès ce moment, l’avenir du CFA de la France était réglé. La France restait malgré l’euro, un élément de garantie des mécanismes contractés avec les Africains dans les accords de coopération financière par le biais de l’euro, non plus par le biais du Franc français. Idem pour les privilèges de battre cette monnaie.

Tout ceci était au bénéfice de la France, parce qu’un des principes des accords internationaux est que si l’objet de l’accord disparait, l’accord devient caduc. C’est le cas de la dissolution du pacte de Varsovie suite au démantèlement de l’URSS. Le franc français (objet des accords de coopérations financières dans le cadre du CFA) disparaissant en 2002, rendait ces accords monétaires franco-africains automatiquement caducs. La monnaie CFA restait donc veuve. La France pouvait donc se croiser les bras ayant obtenu l’arrimage du CFA à l’euro avec les mêmes mécanismes de garantie chapeauté par elle.

Techniquement, alors que l’entrée à l’euro rendait les accords caducs, la France a fait sa part en négociant avec l’Union européenne l’arrimage des mécanismes monétaires des accords monétaires franco-africains. La France a donc fait ce qu’il fallait pour défendre ses intérêts sur le CFA. C’est maintenant aux Africains de faire leur part. 

C’est dans ce contexte que les Africains doivent se grouiller, s’ils veulent changer la donne. Plus la France. Cela est vrai! Les Africains peuvent le faire de deux façons; d’abord au niveau des décisions franco-africaines et ensuite au niveau des relations intra africaines.

Des décisions Franco-africaines du CFA 

Il y a plusieurs leviers à manœuvrer;

Sur le plan politique, il fallait manœuvrer au moment des élections en France. Il fallait soutenir le/la candidat(e) pro Frexit qui, s’il ou elle est élu (e), il ou elle peut déclencher le renouvellement des accords de coopération monétaire franco-africains, ou même donner l’opportunité de la caducité de ces accords en abandonnant l’euro. Où sont passées nos mallettes? Celles du père Omar Bongo ou même de Kadhafi aux candidats à la présidence en France….

Sur le plan économique, la coopération avec la Chine, les APE, l’AGOA ou même le recadrage des déficits budgétaires dans les pays de la zone CFA peuvent pousser à revoir le statut du CFA et le signifier à la France. Le ralentissement du commerce et la baisse du prix des matières premières, le pétrole en l’occurrence, peuvent soutenir l’argumentaire. Le FCFA étant lié à l’euro par un système de parité fixe, parité dont la garantie exige un dépôt de 50 % des réserves de changes des États africains auprès du Trésor français, plomberait les balances des paiements.

Bien plus, dans ce contexte, le FCFA freinerait le développement de l’Afrique et ce lien avec l’ancienne puissance coloniale est une perte de souveraineté, les pays étant tributaires de la zone euro dans un monde de plus en plus identitaire et interdépendant.

Paris s’est dit « ouvert », pendant d’autres réunions économiques avec les Africains, « à toutes les propositions » que les 15 pays de la zone Franc pourraient formuler lors de la réunion d’Abidjan. Il faut donc formuler des propositions !

Les relations intra-africaines du CFA

La zone Franc comprend 14 pays d’Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Centrafrique et Tchad). Le quinzième membre est l’archipel des Comores. C’est donc un grand marché d’environ 155 millions de consommateurs entre l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Plusieurs idées et actions foisonnent pour pousser ces Africains à sortir du CFA. Mais, pour maintenir ce grand marché des quinze, il faut manœuvrer au niveau des mécanismes d’intégration économique sous régionale. D’abord accentuer la libre circulation des marchandises entre ces différentes zones. Ensuite, harmoniser les CFA entre les sous-régions. Ce qui aboutirait enfin au démantèlement des accords de coopérations monétaires franco-africain en signant de nouveaux accords de coopération monétaire intra-africains. 

L’appellation CFA peut rester pour réunir la zone CEDEAO, CEMAC. Les nouveaux accords intra-africains peuvent aussi inviter le Nigeria et les pays riverains du CFA à participer à cette nouvelle intégration économique sous régionale africaine.

 

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