François Louncény Fall : Que les détenus soient remis en liberté
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Le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu et chef du Bureau Afrique centrale des Nations Unies a donné une conférence de presse hier sur la crise anglophone.

Sur la libération des prisonniers

Nous avons, au cours de tous nos entretiens, exprimé le fait que les Nations Unies ont accueilli favorablement les mesures qui ont été annoncées par le ministre de la Justice et qui sont de nature à conduire vers le dénouement des griefs qui ont été portés par les syndicats et le Barreau dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Et tenant compte de ces avancées, nous avons souhaité que la mise en oeuvre de ces promesses soit effectuée, et que cela se passe rapidement. Et dans la même veine, nous avons demandé et souhaité que les détenus soient remis en liberté. Nous leur avons rendu visite. Et nous avons exprimé ce voeu ce matin [hier, ndlr] au ministre de la Justice.

Sur le fédéralisme

Concernant la mise en cause de la forme constitutionnelle de l’Etat camerounais, cela n’est pas de la responsabilité des Nations Unies. Ce que nous avons demandé, c’est que les Camerounais, entre eux, décident. Nous avons rencontré, les membres des partis politiques. Et tout à l’heure [hier après-midi, ndlr], j’étais avec les responsables du parti SDF (Social Democratic Front, ndlr), et je leur ai dit que nous sommes ici pour régler une crise qui prévaut dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, et que pour le moment, nous nous concentrons sur ces deux évènements. En ce qui concerne les décisions sur la forme constitutionnelle de l’Etat camerounais, cela relève de la responsabilité des Camerounais. Je crois qu’il ya un cadre qui existe. Il y a une constitution. Il ya un Parlement. Il y a un Sénat. Et les choses devraient se passer à l’intérieur de ces institutions qui existent  déjà dans le pays.

Sur la loi contre le terrorisme

Vous savez, il y a quelques semaines, nous avons effectué une mission avec le directeur de l’unité du contre-terrorisme établit par le Conseil de sécurité. Nous sommes venus ici au Cameroun. Nous avons visité les quatre pays qui sont affectés justement par Boko Haram c’est-à-dire le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria et cette mission a précédé la mission du Conseil de sécurité. Les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies sont  activement engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Nous avons apporté le soutien nécessaire des Nations Unies, à tous les Etats je pense qui sont affectés aujourd’hui par ce fléau. Et nous maintenons des contacts à plusieurs niveaux avec les autorités camerounaises en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. Et dans cette même veine, nous allons organiser très bientôt, ici, un séminaire pour parler de la déradicalisation. Concernant les personnes qui ont été arrêtées et au tribunal, nous avons naturellement exprimé quelques préoccupations sur cette question. Mais nous tenons compte du fait que les Etats ont la responsabilité de définir les lois concernant les infractions. Mais cela ne nous a pas empêché d’exprimer quelques préoccupations sur cette question.

Sur les revendications anglophones

Vous pouvez vous imaginer que durant ces trois jours nous n’avons pas fait que parler au gouvernement. Nous avons passé, je crois, beaucoup plus de temps avec les avocats, la société civile, les partis politiques, qu’avec les membres du gouvernement. J’ai rencontré les avocats des détenus plus de quatre fois. Et pas plus tard que cet après midi [hier, ndlr] nous avons parlé. Et nous avons conseillé aux avocats ceci : les mesures qui ont été proposées par le ministre de la Justice sont de bonnes mesures.

Il faut le dire. Nous attendons leur application. Ces mesures répondent aux préoccupations qui ont été exprimées. Ce que nous demandons, c’est que si le gouvernement prenne les mesures qu’il faut pour apaiser. Il faudrait que sur le terrain la vie reprenne. Qu’on ouvre les salles de classe. Que les enfants ne restent plus à la maison. C’est la vie de toute une génération qui est en jeu. Alors, ce que nous avons demandé aux uns et aux autres, au gouvernement de prendre des mesures, de continuer à prendre les mesures. Nous l’encourageons à prendre les mesures qu’il faut pour venir à bout de ce qui a été demandé. Mais en même temps, nous demandons à toutes les autres parties, que ce soit les enseignants, la société civile ou les avocats, de prendre en compte ces avancées faites par le gouvernement, afin que très bientôt, la vie normale puisse reprendre dans les régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest. Sans cette paix, sans la reprise des activités, rien ne sera possible. Et je crois qu’inconditionnellement, les deux parties doivent accepter ce deal.

Sur le « laxisme » de la communauté internationale

Je voudrais vous dire que hier [mardi dernier] j’ai rencontré Maurice Kamto. Nous avons eu une séance de travail avec lui. C’est quelqu’un que je connais déjà depuis plusieurs années. Et je crois que nous nous sommes entendus. Les Nations Unies n’ont jamais été en reste dans cette situation. Je vous ai dit que dès le mois de décembre j’étais ici. Moi j’ai commencé le travail début novembre. Et dès que la crise a commencé, je suis venu ici.J’ai rencontré les parties. Nous avons déployé une équipe sur le terrain et nous avons suivi régulièrement l’évolution de lasituation. Evidement, quand on mène des actions comme cela, on ne le fait pas toujours avec beaucoup de bruit. Il y a un temps pour tout. Aujourd’hui, c’est la première fois que je m’adresse à vous, mais je m’étais déjà adressé aux autorités au cours de la dernière visite ici, car j’étais allé voir le Premier ministre. L’Onu n’est pas restée silencieuse. L’Onu ne peut pas restée silencieuse quand un grand pays comme le Cameroun qui représente un point fort de la paix en Afrique centrale est en crise. Quand il y a une situation qui peut menacer la paix et la stabilité dans ce pays, l’Onu ne peut pas rester silencieuse.

Sur les procédures à l’Onu

En ce qui concerne le rôle des Nations Unies, avant de venir dans cette salle, j’ai reçu les sénateurs et les membres du Parlement, notamment le président du groupe parlementaire SDF qui nous ont donné les documents concernant cette question du fédéralisme. Pour ce qui est de ma réponse, l’Onu n’a pas vocation à rentrer dans l’organisation interne des Etats. Vous avez des organes qui sont en place, vous avez une Constitution, vous avez un Parlement, vous avez un Sénat. C’est au sein de ces institutions que le peuple camerounais, comme dans tous les autres pays du monde, règle ses problèmes intérieurs. Nous n’interférons pas dans la vie intérieure des Etats. Il appartient aux Camerounais de décider du mode de vie qu’ils souhaitent. Ce que nous souhaitons, c’est maintenir la paix, la cohésion nationale et travailler avec le gouvernement camerounais pour le progrès économique et social du pays.

Sur le cas Joseph Wirba

J’ai rencontré le premier vice-président du SDF. Nous avons eu un très long entretien. Il ne m’en a pas parlé. Je viens de rencontrer aussi les députés et les sénateurs de l’opposition qui ne m’en ont pas parlé. Mais je suis parfaitement au courant de la situation. Et cela rentre dans l’enveloppe générale que nous avons posée sur la table, à savoir trouver une solution afin que l’on puisse restaurer la paix et la sécurité au Nord-ouest et au Sud-ouest. Afin que la vie reprenne normalement, que le Barreau reprenne son travail, que les écoles soient ouvertes et que l’activité économique reprenne.

Sur la sortie de crise

Nous avons eu des entretiens approfondies avec les avocats, avec les détenus, avec le gouvernement. Nous avons pris note des avancées significatives faites par le gouvernement en proposant des solutions aux revendications qui avaient été faites par le barreau et par les leaders du consortium. Nous estimons que ces propositions vont dans la bonne direction mais qu’elles doivent être mises en oeuvre et effectivement. Ça c’est d’un côté. D’un autre côté, nous avons demandé au gouvernement d’envisager la libération des détenus qui sont actuellement en prison. Nous pensons que si cela est obtenu, la paix pourrait revenir rapidement et d’ailleurs, les personnes que nous avons rencontrées au Barreau nous ont affirmé que s’ils obtenaient la libération de ceux qui sont en prison aujourd’hui alors, la situation devrait redevenir normale.

Et c’est le souhait que nous exprimons. La solution qui a été donnée est contenue dans l’ensemble des mesures proposées par le ministre de la Justice. Maintenant, il y a un procès en cours. Nous n’interférons pas dans l’indépendance de la justice mais nous souhaitons tel que nous avons demandé au gouvernement qu’ils envisagent sereinement la libération de ces détenus pour continuer dans leur effort d’apaisement afin que l’on puisse retrouver la paix et la quiétude et que les activités puissent reprendre normalement. C’est une condition que les avocats nous ont posé. Ils nous ont dit que tant que ces détenus ne seront pas libérés, ils ne changeront pas de position. Donc, on a demandé au gouvernement de faire un effort. Afin que nous puissions avancer dans la bonne direction, nous leur avons demandé de libérer les détenus. Nous avons fait cette demande et nous espérons que cette demande sera entendue.

Sur le retour d’internet

La question de l’internet était au centre de nos discussions et de nos préoccupations. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’internet aujourd’hui, fait partie de la vie des personnes, pas seulement de l’Etat mais de tous les citoyens. D’abord, le bénéfice d’internet au niveau de l’éducation, au niveau du commerce, au niveau de tout ce que nous faisons aujourd’hui, on ne peut plus s’en passer car, ça fait partie des droits des citoyens à l’information. Le gouvernement nous a fait savoir qu’il a déjà pris des mesures pour lever l’interdiction concernant les institutions financières, l’université de Bamenda et les centres hospitaliers. Nous avons donc insisté auprès du gouvernement pour que ces mesures soient élargies à toutes les parties prenantes. Nous n’avons pas encore obtenu un résultat définitif, mais la demande a été réitérée à tous les niveaux.

Sur la légitimité des recommandations de l’Onu

Nous ne voulons pas apporter des conditions particulières. Dans tous les pays du monde, quand un processus est engagé au niveau des tribunaux, on ne peut plus interférer. Mais les gouvernements disposent de tous les moyens légaux possibles pour trouver des solutions même si des personnes sont condamnées. Le chef de l’Etat peut intervenir en accordant l’amnistie par exemple. Il y a plusieurs méthodes. Ce que nous souhaitons, c’est que des mesures soient envisagées pour que toutes les conditions soient réunies ici pour l’apaisement. Nous voulons qu’on libère les détenus. Notre proposition, c’est de dire au gouvernement d’utiliser toutes les mesures déjà engagées et continuer dans cette voie afin de ramener l’apaisement dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Voilà ce que nous avons demandé et nous pensons que les mesures d’apaisement qui vont être prises seront employées pour le bénéfice du pays. C’est cela notre recommandation.

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