Charles Le Grand TCHAGNENO TENE : « La SECA est une vitrine pour vendre l’Afrique des valeurs »
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FRANCE :: Charles Le Grand TCHAGNENO TENE : « La SECA est une vitrine pour vendre l’Afrique des valeurs »

Dans un entretien accordé à Camer.be, le Secrétaire général du Collectif d’Associations Africaines et Étudiantes de l’Isère (CAAEI), Charles Le Grand TCHAGNENO TENE, revient sur le Collectif en lui-même ainsi que sur l’organisation et la tenue de la 9è édition de la Semaine Économique et Culturelle Africaine (SECA) dans le département de l’Isère en France.

Pouvez-vous expliquer au public ce qui vous a motivé à créer un Collectif d’Associations Africaines et Étudiantes de Grenoble ?

Le Collectif d’Associations Africaines et Étudiantes de l’Isère (CAAEI) connait une existence officielle depuis l’année dernière (février 2015, NDLR) suite à sa déclaration auprès des autorités compétentes, en l’occurrence la préfecture de l’Isère en région Rhône-Alpes. Mais en réalité, elle est la concrétisation d’une idée longuement murie et travaillée au fil des années à la suite de l’ampleur progressivement prise par la Semaine Économique et Culturelle Africaine (SECA) que certaines Associations africaines du département de l’Isère organisent en synergie depuis neuf ans déjà. Nous ne sommes donc que les héritiers d’une vision portée par nos prédécesseurs. Une vision que nous partageons sans réserve et avons continué à nourrir et enrichir en prenant les rênes de nos associations respectives. Il s’agit de se mettre ensemble, de parler d’une même voix pour se faire plus audible et être plus fort. Voilà notre motivation en gros.

Quelles sont, concrètement les principales missions que le Collectif est censé remplir ? Ne va-t-il pas faire disparaître les différentes associations qui y adhèrent ?

Avant d’en venir au premier volet de votre question, je dois préciser que le CAAEI n’a pas vocation à absorber les associations, ni à leur faire obstruction de quelque manière que ce soit. Bien au contraire, l’une de ses missions consiste d’ailleurs à regrouper les ressortissants des pays africains qui n’ont pas d’association en Isère, à les inciter et encourager à se constituer en association pour défendre les intérêts spécifiques propres à eux en tant que immigrés, ressortissants d’un tel pays, étudiants entre autres. Le Collectif accompagne ces projets associatifs sur les plans techniques et mêmes financiers. Pour aller plus loin, le Collectif accompagne les associations membres également par des conseils, mais aussi, il les appuie financièrement en fonction de ses moyens. Pour revenir sur les missions principales du CAAEI, il faut dire que celui-ci se positionne comme le porte-parole des associations africaines de l’Isère sur des thématiques socio-politiques, économiques et culturelles qui interpellent l’Afrique et ses ressortissantes en France. Fort de cette mission générale, le Collectif se veut d’être une plate-forme de communication et d’échanges entre les associations africaines entre elles d’une part, ainsi que qu’entre les dites associations et les autres associations nationales et transnationales. Il se donne également pour missions de défendre les intérêts des communautés africaines de l’Isère, dans le respect bien évidemment des valeurs de la République Française ; de promouvoir la culture et l’intelligentsia africaine dans son ensemble et dans sa diversité ; de promouvoir les échanges interculturels et l’intégration des Africains en France en général et en Isère en particulier ; de créer, promouvoir et entretenir un réseau permanent d’échanges et de solidarité entre les étudiants, anciens étudiants et travailleurs africains en Isère.

Chaque année, vous organisez une Semaine Économique et Culturelle Africaine (SECA). Pouvez-vous nous en dire plus ?

Comme je l’ai signalé à l’entame de cet échange, c’est la SECA qui est à l’origine du Collectif. En effet, c’est depuis neuf ans déjà que cette semaine économique et culturelle est organisée sur le Campus de Saint Martin d’Hères et dans différents coins de l’agglomération grenobloise avec pour objectif principal de vendre une autre Afrique. Pas l’Afrique des préjugés et des stéréotypes souvent présentée abusivement comme un pays avec une assimilation grossièrement réductrice. Il s’agit de vendre l’Afrique des valeurs. Celle des talents, des atouts culturels, touristiques et économiques. C’est cette Afrique unique et riche par sa diversité et les opportunités qu’elle regorge que nous essayons de promouvoir à l’Échelle de notre département. Mais il faut dire que notre aura va au-delà des seules frontières du département dans la mesure où nos invités sont souvent recrutés en Afrique et un peu partout dans le monde, et deviennent de ce fait nos ambassadeurs dans leurs pays de résidence respectifs. Il en va de même des anciens grenoblois ayant fait l’expérience de la SECA soit en tant qu’organisateurs, soit en tant que participants. Ceux-ci contribuent, où ils se trouvent, à irradier nos idées à travers les réseaux sociaux et nous suivons leurs actions avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme. Nous ne comptons plus le travail des médias en faveur de la vulgarisation de notre cause.

Plus spécifiquement, quelle a été la place et la participation du Cameroun dans l’organisation et le déroulement de ladite semaine ?

Je suppose que vous posez cette question parce que je suis originaire du Cameroun ? Le Cameroun, comme les autres pays membres de l’organisation d’ailleurs, a pris une part très active dans l’organisation de la dernière SECA, la 9e édition qui s’est tenue en fin mars dernier (du 20 au 25 mars, NDLR). Je vais donc faire un clin d’œil aux associations sénégalaise, guinéenne, malienne et burkinabé pour le travail abattu. Parlant du Cameroun précisément, nous déplorons le fait qu’au niveau du tournoi de football l’équipe de l’Association Camerounaise de l’Isère (ACI) n’ait pas suivi l’exemple de leur ainée, les Lions Indomptables, à la récente coupe d’Afrique au Gabon. Plus sérieux, au-delà de la contribution exigée à toutes les associations membres pour l’organisation de la SECA 9, les membres de l’ACI, conduit par leur président, se sont déployés énergiquement dans l’organisation à différents niveaux. Je saisis d’ailleurs l’occasion pour remercier particulièrement l’équipe de communication de l’ACI qui n’a pas lésiné sur les moyens logistiques et humains afin de nous permettre de garder en images les temps forts de ce festival.

Quel(s) bilan(s) tirez-vous de l’organisation et de la tenue de cette 9ème édition ?

En attendant que soit produit le bilan officiel dans les jours à venir, je vais dire que globalement nos objectifs en termes de mobilisation ont été atteints. Nous avons pu drainer une foule, largement au-dessus de nos prévisions, à différentes activités. Nous allons reconnaître quelques couacs pouvant laisser croire à l’impréparation et à l’amateurisme lors de la soirée culturelle. Ces erreurs nous ont conduits à léser quelque peu l’association camerounaise à qui nous présentons d’ailleurs nos excuses. Mais comme j’ai l’habitude de le dire, on n’est jamais assez grand pour apprendre. C’est donc notre capacité à tirer des leçons de nos erreurs qui nous fera atteindre l’excellence. Nous ne pouvons donc pas dormir sur nos lauriers parce que nous avons été réguliers dans l’organisation de la SECA pendant neuf ans. Bien au contraire, nous travaillons à nous améliorer et à être original à chaque nouvelle édition. Et les leçons de la SECA 9 doivent nous permettre de mieux organiser la SECA 10 l’année prochaine.

Au-delà de la SECA, quelles sont les autres activités et projets du Collectif ?

Le collectif est naissant et a beaucoup d’ambitions. Ces ambitions peuvent se décliner à partir des missions que nous avons présentées plus haut. De ce fait la SECA, même si elle reste le projet phare du collectif sur l’année ne saurait être sa seule activité. Cela dit, nous sortons d’une grosse organisation, il nous faut faire le bilan, retourner celui-ci après de nos partenaires et des associations membres et penser l’avenir du Collectif. Mais d’ores et déjà, nous envisageons un projet de solidarité avec les immigrés démantelés de Calais qui ont été installé à Grenoble et donc la précarité impose une réflexion urgente sur leur avenir. D’autres projets sont à mener au cours de l’année, mais nous ne pouvons les rendre publics avant qu’ils ne soient actés par l’Assemblée Générale du Collectif.

Merci de vous avoir prêté à cet échange

C’est moi qui vous remercie, ainsi que votre journal, de l’intérêt porté au CAAEI. Nous restons entièrement ouverts à toute demande ultérieure de votre part et espérons pourvoir compter sur vous pour la couverture médiatique de nos futurs évènements. Permettez-moi également de saisir cette opportunité pour dire encore notre gratitude à l’endroit de nos partenaires, notamment, l’Université de Grenoble Alpes, la Communauté Universitaire de Grenoble Alpes et le CROUS Grenoble. Merci !

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