Port autonome de Douala : Les petits commerçants sommés de déguerpir les lieux
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Ils ont été reconduits hors du domaine portuaire, par les forces de l’ordre, le lundi 20 Mars 2017 dernier. Le PAD, les reproche d’avoir transformé ses alentours, en un lieu de commerce.

L’activité dure pourtant depuis plus de deux décennies. Le port autonome de Douala a toujours été le lieu de débrouillardise par excellence. Ici, le petit commerce est légion. On y vend des chasubles, des assurances autos, du crédit de communication, des friandises etc. Aux alentours du port, les commerçants ont souvent été chassés par le passé. Ils en ont l’habitude. Mais cette fois, ils ont été surpris par une présence policière :

« C’est sérieux, le port ne veut plus de nous » lance une commerçante trouvée sur les lieux, la mine abasourdie. Rencontrée deux jours après l’incident, la jeune femme est revenue sur les lieux. Avec elle, la cinquantaine de personnes qui trouvent ici, le moyen décent, de nourrir leurs familles: « Où veulent-ils qu’on aille ? Avec quoi allons-nous nourrir nos enfants ? » S’interroge Mme Nana Denise, une autre commerçante.

Ce jour-là, sur les lieux, plus une trace des forces de police n’était visible. Mais le spectre de la peur lui, se fait bien sentir. Les commerçants travaillent debout à l’ombre d’un conteneur, un sac à la main. A l’intérieur, des vieux téléphones pour assurer les transferts de crédit de communication et d’autres marchandises. Et à l’approche d’un éventuel client, ils n’hésitent pas à proposer leurs produits. Malgré la détermination qui animent les commerçants, ils avouent et accusent une baisse d’activité : « nous n’installons plus nos comptoirs. Du coup pour travailler, nous jonglons entre les aléas du climat et la peur de revoir la police débarquée. Alors, nous vendons très peu » relate Nana Denise.

Depuis  leur expulsion, leurs recettes ont drastiquement baissées. Elles sont passées de plus de 10000 FCFA/j à 500 FCFA a-t-on appris. Du côté du port autonome de Douala, on est formel : « le port n’est pas un lieu de commerce!» martèle monsieur Eboa, un agent du port de Douala. Selon lui, le petit commerce n’a pas le droit de s’installer de manière désordonnée dans les alentours du port. Et s’ils veulent occuper légalement cet espace, ils devront le louer comme l’ont fait le restaurant en face et les structures d’assurances présentes, a-t-il dit. Pour certains commerçants, c’est à ce niveau que se trouve la pomme de discorde: « voyez-vous le conteneur, bleu-blanc en face ?

C’est celui des Mutuelles Réunies (une compagnie d’assurances). Ce sont elles qui veulent qu’on nous chasse d’ici, par ce que nous avons refusé de travailler pour elles » explique maman Elise, vendeuse à cet endroit depuis 17 ans. Pour elle, ça ne fait aucun doute. L’installation de cette nouvelle assurance en est la cause: « les gros poissons mangent les plus petits » résume-t-elle la situation avec mélancolie. Mais le PAD réfute cet argument :

« il n’en est rien. Ça fait longtemps qu’on leur demande de déguerpir mais ils ne veulent rien entendre. Le port autonome de Douala, n’est pas le lieu des petits commerces, ils doivent le comprendre! » Conclut monsieur Eboa.

En attendant qu’un compromis soit trouvé entre les deux parties, les commerçants continuent d’écumer les alentours du port. La peur au ventre certes, mais faute de mieux, ils sont dans l’obligation, de se livrer au jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre apprend-t-on. La plupart des commerçants à cet endroit, sont de sexe féminin.

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