Cameroun,Guerre contre Boko Haram: Silence sur les bavures de l’armée
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Aucun mot n’est dit sur le travail de la commission d’enquête sur les crimes des forces camerounaises. Secret défense oblige, selon le ministre de la Communication.

Toujours pas d’information sur le travail de la commission créée pour enquêter sur les crimes commis par les forces de défense et de sécurité camerounaises engagées dans la lutte contre Boko Haram. Dans sa communication gouvernementale de ce 14 mars 2017, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a déclaré que rien ne sera rendu public car, « il s’agit d’une affaire interne à la grande muette ». 

Le porte-parole du gouvernement a donc coupé court sur les conclusions attendues de la commission qui est supposée travailler depuis des mois. En effet, la création de cette instance avait été annoncée le 11 juillet 2017 par Jean Baptiste Bokam, le secrétaire d’Etat à la défense en charge de la Gendarmerie nationale.

La commission d’enquête était alors brandie comme la preuve que le gouvernement du Cameroun est engagé à punir les dérapages commis par les forces de défense et de sécurité dans la guerre contre Boko Haram. A l’époque, les exemples de bavures étaient cités pêle-mêle dans le rapport publié par l’Ong Amnesty International sous ce titre fort évocateur : « bonne cause, mauvais moyens : atteintes aux droits humains et à la justice dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun ».

Amnesty rapportait que des personnes étaient arrêtées de manière arbitraire ou alors accusées sur la base des preuves minces et parfois inexistantes. Des détenus vivaient dans des conditions inhumaines, souvent dans des lieux tenus secrets comme des bases militaires ou les services de renseignements.

Les proches étaient alors sans nouvelles. C’est dans ce contexte que des actes de torture avaient été perpétrés par le Bataillon d’intervention rapide (Bir) et la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre), accusait Amnesty. L’Ong poursuivait qu’il y avait même eu des morts en détention et des disparitions forcées.

Quelques mois après son rapport de juillet 2016, l’organisation internationale est revenue à la charge en février 2017 pour s’inquiéter de ce que le gouvernement camerounais reste muet sur les résultats des enquêtes menées par la fameuse commission annoncée par Jean-Baptiste Bokam. Eh bien, il n’y aura pas de communication sur le sujet, a tranché Issa Tchiroma. Tout juste a-t-il déclaré:« la commission d’enquête travaille. Rien n’est exclu qu’au sein de nos forces de défense et de sécurité, on relève telle personne de ses fonctions, que telle autre soit incarcérée ou mutée. » Sans plus.

Le ministre de la Communication a rappelé qu’aucun Etat dans ce monde n’a encore mené de guerre sans bavure. Le Cameroun ne fera donc pas exception. 

A ce sujet, personne n’a oublié la rafle géante opérée le 27 décembre 2014 par l’armée camerounaise dans la région de l’Extrême-Nord, notamment dans les villages Magdemé et Doublé ainsi que dans les contrées environnantes.

Les mauvaises conditions de détention avaient conduit à la mort de plusieurs dizaines de personnes dans un magasin de la légion de gendarmerie.

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