POUR UN CAMEROUN FEDERAL, DEMOCRATIQUE, A TROIS ETATS ET A TROIS BILINGUISMES
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POUR UN CAMEROUN FEDERAL, DEMOCRATIQUE, A TROIS ETATS ET A TROIS BILINGUISMES :: CAMEROON

Brève thèse politique pour un débat d’idées à « la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du multiculturalisme », et Appel à un vrai Dialogue National d’Urgence. L'intégralité de la lettre du Ngouo WOUNGLY-MASSAGA Cdt Kissamba, Vétéran de l’UPC et de l’ALNK adressée à Paul Biya

LOLODORF le 15 Mars 2017.

A Son Excellence Monsieur Paul BIYA,

Président de la République du Cameroun,

Président de la « Commission Nationale pour la

Promotion du Bilinguisme et du multiculturalisme » YAOUNDE

Monsieur le Président de la République,

Vous avez bien voulu affirmer solennellement que les Camerounais pouvaient librement exprimer leurs opinions et faire des propositions pour une saine sortie de la crise anglophone.

Permettez-moi, Excellence, de profiter de cette mince ouverture pour inviter à la modération ceux de nos compatriotes qui veulent imposer la pensée unique avec des slogans musclés du genre : « il n’y aura ni sécession ni fédéralisme ». Les grandes questions du pays méritent une attention plus responsable. A notre humble avis, la « décentralisation » même habillée de formules technocratiques selon le niveau intellectuel du béni-oui-oui, et le bilinguisme français-anglais tous azimuts ne peuvent pas résoudre la crise anglophone ; surtout avec les méthodes colonialistes prônées par le petit groupe tribal manipulé par le Pr Fame Ndongo.

1.- Du Bilinguisme asymétrique :

Notre pays a hérité en 1961 au sortir de la Conférence de Foumban où naquit la République Fédérale d’un bilinguisme asymétrique ; c’est-à-dire en l’occurrence, celui où deux régions anglophones étaient associées à huit régions francophones. Les Pères Fondateurs, conscients que cela poserait des problèmes avaient fixé que le statut fédéral du pays ne devait être modifié qu’après un consensus négocié des deux parties francophone et anglophone. Nous avons déjà attiré l’attention sur le fait que ce ne sont pas les difficultés internes, relatives au fonctionnement des institutions camerounaises, qui firent abolir la Fédération. Après l’arrestation d’Ernest Ouandié, la France voulait sa tête pour mieux promouvoir et contrôler ses intérêts notamment pétroliers. Il faut signaler que déjà, dès le lendemain des Accords de Foumban, le fonctionnement des institutions camerounaises avait progressivement évolué vers l’instauration d’un régime fort. Le néocolonialisme dans nos pays africains a besoin d’une centralisation « jacobine » qui s’accommode d’une gestion dictatoriale du pays. Il est significatif que jusqu’à ce jour, malgré un multipartisme de façade, notre pays reste largement ancré dans la pratique du monopartisme.

Dans ce contexte on peut percevoir deux dangers. Le premier est que la montée au créneau d’un petit groupe tribal qui se manifeste autour du pouvoir comme s’il en avait déjà le contrôle a de quoi inquiéter : même dans sa Mvila natale, le Ministre de l’Enseignement supérieur est connu comme un homme politique de petite envergure, le genre qui se laisserait volontiers utiliser par l’ancienne puissance coloniale pour qu’elle tire les ficelles d’une crise

violente. Le second c’est que jusqu’à présent le « Two States Federation » peut encore séduire les anglophones parce que les démagogues du bilinguisme tous azimuts ne se doutent pas que ce bilinguisme français-anglais va échouer primo parce qu’il doit couvrir tout le territoire national, ce qui demande énormément d’argent, et parce que dans notre pays sous l’actuel régime, quand il y a énormément d’argent il y a énormément de corruption…

2.-Thèse de la réorganisation du Cameroun en fédération, à partir d’un bilinguisme équilibré :

Nous appelons bilinguisme équilibré ou symétrique, celui qu’on installe sur des aires culturelles ou administratives similaires et en nombre égal.

a) L’Etat SAWA-BAMI En prenant en compte nos aires culturelles africaines, et les langues étrangères nous avons dans le Sud Ouest de notre pays une situation assez spéciale : deux régions anglophones jouxtent deux régions francophones. La région du Nord-Ouest et celle de l’Ouest sont de même aire culturelle Bamiléké. Et en bord de mer, la région du Sud Ouest et celle du Littoral sont de même aire culturelle Sawa. Sur ces quatre régions du pays peut donc parfaitement se construire un Etat à bilinguisme symétrique français-anglais. D’aucuns s’étonnent que les anglophones parlent plus le français que les francophones ne parlent l’anglais, oubliant que dans la formule actuelle d’un Etat de dix régions (deux anglophones et huit francophones), un Anglophone a quatre fois plus de chances de communiquer avec un Francophone qu’un Francophone n’en a pour communiquer avec un Anglophone. Cet Etat de quatre régions serait évidemment plus viable, plus solide économiquement et plus dynamique qu’un Etat de deux régions. Notons qu’on assisterait à une promotion plus rapide et à un meilleur niveau des langues étrangères d’une part, et à un approfondissement des cultures Sawa et Bamiléké d’autre part. Une fois qu’on a regroupé les quatre régions de ce premier Etat Fédéral que nous appelons SAWA-BAMI par référence introductive, en laissant chacun libre de proposer une meilleure appellation, la problématique du fédéralisme se simplifie énormément : le reste des six régions du Cameroun présente en effet deux ensembles assez distincts : le groupe du Sahel (comprenant l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême Nord) et le groupe Centre, Sud et Est), où prédomine une aire culturelle Fang-Beti .

b) L’Etat FANG-BETI (à Bilinguisme Français…Espagnol ! Sur les régions Centre, Sud et Est). Monsieur le Président de la République, Je soutiens modestement ici que le bilinguisme Anglais-Français que notre gouvernement se propose de promouvoir partout à coups de milliards ne répond pas aux intérêts stratégiques, économiques et culturels du pays, et qu’il faudrait, pour la zone sahélienne, opter pour un bilinguisme Français-Arabe, et pour la zone Fang-Béti, choisir le bilinguisme Français-Espagnol. Que de bilinguismes ! Pourrait-on nous rétorquer … Or ce serait oublier deux choses, primo : en référence à nos propres langues, nos compatriotes en maîtrisent souvent plusieurs, secundo : que le vrai problème est de remplacer l’Anglais par l’Espagnol.

Pratiquer le bilinguisme Français-Anglais dans cette zone relèverait d’un choix artificiel, et ne serait qu’un alibi pour se distribuer l’argent de l’Etat. Le bilinguisme qui nous paraît le plus convenable à cette zone est le bilinguisme Français-Espagnol. L’argument majeur en faveur de celui-ci est évidemment la proximité de la Guinée-Equatoriale, pays hispanophone, qui est en parfaite harmonie culturelle africaine avec la zone Fang-Beti du Cameroun. Or :

* Il ne serait pas plus difficile aux populations camerounaises de cette zone d’apprendre l’Espagnol que d’apprendre l’Anglais. Certes on est aux antipodes des régimes où on demande l’avis des populations, mais un simple sondage pourrait en convaincre tout observateur.

* Il y aurait inévitablement implication de l’Etat et des populations équato-guinéens dans la promotion de ce bilinguisme,

* Il n’y a pas de populations hispanophones locales qui pourraient présenter des revendications identitaires,

* Ce bilinguisme ouvrirait des horizons nouveaux en matière de coopération internationale, parce que l’Espagne s’est peu investie dans la colonisation du Continent Africain mais fut très présente en Amérique Centrale et du Sud dont les Etats pourraient voir dans ce bilinguisme une incitation à la coopération.

* Enfin dans la perspective de l’unification de l’Afrique Centrale et de la création des Etats-Unis d’Afrique, ce bilinguisme ferait du Cameroun et de la Guinée Equatoriale un tandem puissant.

c) L’Etat du SAHEL CAMEROUNAIS (à bilinguisme Français-Arabe sur les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) Tout comme sur la zone Fang-Beti, un bilinguisme Français-Anglais en zone sahélienne serait un choix artificiel. C’est un autre bilinguisme qui nous paraît nécessaire ici : le Français-Arabe, l’argument majeur est que cette zone est islamisée, en partie certes, mais assez largement pour que la langue arabe puisse y être considérée comme plus proche des populations que l’Anglais., l’Islam étant comme chacun sait inséparable de l’Arabe Le bilinguisme Arabe-Français nous rapprocherait du monde arabe. Il permettrait surtout à l’Islam pratiqué dans notre pays d’être moins sous l’influence de l’Islam des pays où se forment les Imams qui encadrent cette religion au Cameroun aujourd’hui. Notre pays pourrait se situer dans la perspective de faire du Sahel Camerounais une grande zone de culture islamique en harmonie avec le Tchad et la Centrafrique. La population arabe-choa locale se sentirait plus à l’aise mais ne pourrait pas présenter de revendication identitaire compte tenu de son faible poids. 3.- Thèse de la sortie de crise et du parti fantôme Monsieur le Président de la République, Démarquez-vous, Excellence, des petits politiciens qui jonglent avec la sémantique, le sens des mots pour essayer d’embrouiller les populations : la Sécession n’est pas la Fédération ; et cette dernière n’est pas la division. N’apportez pas votre Haute caution aux stratégies bêtes de tocards politiques qui veulent transformer tous les Camerounais en Anglophones pour résoudre la crise anglophone

On ne pourra pas longtemps diriger notre pays cinquante ans après son indépendance avec la règle « le Président a dit », surtout en parlant de « démocratie avancée ». La réorganisation rationnelle de notre pays en Fédération est tout à fait possible et ne diviserait pas plus nos compatriotes qu’en ces temps de tribalisme aigu. Ceux qui veulent faire de la question du fédéralisme un « casus belli » (un cas de guerre) n’auront qu’à prendre leurs responsabilités devant l’Histoire. Notre peuple prendra les siennes dans la résistance patriotique et l’Honneur. La sortie de la crise anglophone est tout à fait possible et à bref délais si le Président le veut. Trois mesures sont à prendre, qui ne dépendent que de la bonne volonté du Chef de l’Etat :

* Ordonner la libération des prisonniers politiques anglophones arrêtés et déportés à Yaoundé comme au temps du colonialisme ;

* Accepter le Dialogue National d’Urgence pour débattre des grands problèmes du pays et prendre des résolutions irrévocables ;

* Accepter un Référendum organisé par Elecam et l’ONU pour que notre peuple débatte sereinement de ses institutions en évitant toute crise majeure. Au lieu d’un référendum ne concernant que les Anglophones ce serait un référendum général dont la question serait ainsi formulée : « voulez-vous du maintien de la situation actuelle avec « décentralisation » ou d’une Nouvelle Fédération ». La forme de la nouvelle république fédérale et sa Constitution devant faire l’objet des travaux d’une Deuxième Conférence de Foumban, organisée par un Président Fédéral élu après le Référendum avec le même dispositif électoral d’Elecam et L’ONU. En réalité, Monsieur le Président de la République, la balle est dans votre camp : c’est vous qui prenez en otages les écoliers du Nord Ouest et du Sud Ouest. Qui pourrait croire qu’après les mesures ci-dessus on ne les verrait pas gambader vers leurs écoles ? Et qui croit aux mascarades de négociations avec les parents d’élèves ou les enseignants injustement culpabilisés par votre parti et ses agents ? Théorie du « parti fantôme » Une grande force politique se développe dans notre pays. Elle est apparue à la faveur de la crise anglophone qui a provoqué dans tous les partis une réelle fissure entre patriotes véritables et conservateurs au service du néocolonialisme. Certes ces patriotes ne sont pas « visiblement » regroupés », mais leur programme minimal est connu avec les trois points ci-dessus :

* Ordonner la libération des prisonniers politiques anglophones arrêtés et déportés à Yaoundé comme au temps du colonialisme ;

* Accepter le Dialogue National d’Urgence pour débattre des grands problèmes du pays et prendre des résolutions irrévocables ;

* Accepter un Référendum organisé par Elecam et l’ONU pour que notre peuple débatte sereinement de ses institutions en évitant toute crise majeure. Sa stratégie est simple et continue à se déployer en force, en trois points également :

* Résistance farouche dans le Nord Ouest et le Sud Ouest ;

* Arrêt de toute négociation et de tout dialogue avec le régime ;

* Extension des grèves et des villes mortes à tout le pays jusqu’à ce que le régime accepte le Dialogue National d’Urgence ou s’effondre.

Un Conseil National de la Révolution est désormais en charge de la mobilisation de tous ces patriotes et adresse à toutes les forces vives du pays un message fort : LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT ! Haute Considération. Lolodorf, le 15 Mars 2017

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