Problème anglophone au Cameroun: MONSIEUR LE PRESIDENT, J’accuse…
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Problème Anglophone Au Cameroun: Monsieur Le President, J’accuse… :: Cameroon

Des étudiants et diverses populations armés de pierres et de couteaux défilant avec des drapeaux aux couleurs de la ‘’République d’Ambazonie’’: l'image a fait le tour de la planète. Ces populations défilent suite à l'appel des politicards tapis dans l’ombre. Le drapeau montre qu’ils sont tous unis pour mener le même combat : les bons anglophones sont en révolte contre le Cameroun. Ils veulent leur liberté, la « liberté anglophone » revendiquée depuis le début des années 50, période dite des indépendances.

Le printemps anglophone, nous y voilà donc. La saison du repli identitaire, et des grandes lessives. L’occasion de nettoyer en public, et sans autre forme de procès, un linge sali depuis fort longtemps par des gens qui ne sont pas issus de notre peuple. Car le nationalisme anglophone, après tout, qu’est-ce-que ce fut ces dernières décennies ?

Pour les politicards qui appellent à manifester, la liberté a un sens bien précis. Pour les étudiants et populations instrumentalisés dans le cadre de cette énorme opération de propagande, il a un sens non moins précis. Ce qui les rassemble se résume en un mot : autonomie. Les premiers sont fédérés en un lobby qui réclame le droit d'en finir avec la République et ses lois contraignantes : c'est ce qui s'appelle en attendant mieux « droit à l'expérimentation ». Les seconds appuient ce projet en vue de faire des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une nation tenant sa place dans une Afrique des peuples et ethnies solidaires.

UNE STRATÉGIE DE L'ENTRISME

Electoralement, ils ne représentent rien. Les premiers sont à la tête de partis fantômes sinon en ruine. Politiquement, ils mènent le jeu face à un gouvernement incapable de leur tenir tête, faute d'avoir su faire pièce, dès l'origine, à une stratégie de l'entrisme menée depuis tous les points d'accès possible : opposition et société civile, appels aux droits de l'homme pour défendre l'homme anglophone exclusivement, apologie de la Résistance anglophone et assimilation de la Résistance anglophone au combat mené par les nationalistes, et, pour finir, appel des ouvriers à défiler au nom de l’’’Ambazonie’’.

Les étudiants et ouvriers défilent : la démonstration est faite, ils sont anglophones. Leur identité les amène à se révolter. Ils se révoltent au nom de leur nation niée, le drapeau le prouve : ils brandissent des drapeaux aux couleurs de la ‘’République d’Ambazonie’’.

Personne ne rappelle que le sinistre drapeau a été inventé par des esprits chagrins comme symbole antirépublicain. Personne ne rappelle que cette jacquerie dite des « indépendantistes » est dirigée contre le Cameroun.

Et surtout, personne ne se demande qui sont les patrons de cette imposture qui sonnent le tocsin contre la République et distribuent des armes à mon peuple pour l'enrôler dans une croisade identitaire.

Tous ceux qui s’expriment sur le sujet, condamnent en premier lieu la fermeté du régime et ensuite, la brutalité policière. Mais ils omettent de dire que les casseurs sont les premiers à jeter des pierres et autres projectiles sur les policiers. Je ne conteste pas l’existence de certains dérapages des ‘’Hommes en tenue’’. Une fois que c’est dit, il ne faut pas non plus oublier que se sont des Hommes qui se tiennent en face des policiers. Comme pour dire qu’ils sont capables du meilleur comme du pire.

LA PREMIÈRE D'UNE LONGUE SÉRIE

Présentée comme née spontanément d'une révolte atavique des anglophones contre le pouvoir de Yaoundé, cette opération médiatique a été soigneusement orchestrée et d'ailleurs présentée dès l'origine comme la première d'une longue série. On ne peut la comprendre qu'en la prenant pour ce qu'elle est, à savoir une phase particulièrement voyante de la réalisation du projet politique poursuivi par des opposants politiques de fortune. Aidés dans ce projet macabre par plusieurs cabinets noirs notamment ceux du Sénat Américain, du Quai d’Orsay et de la Chambre des Lords. Il y a quelques années, tenter d'expliquer le rôle de certains pontes du régime dans la dérive identitaire à laquelle on assiste aujourd’hui en zone anglophone vous exposait à toutes les accusations notamment celle de conspiration. Les architectes de la pensée dominante au Cameroun reconnaissent l'autodétermination des peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel, économique et politique. Leur engagement est marqué par une pseudo conception des droits de l'homme et des principes d'un véritable ordre juridique.

‘’L'ÉTAT-NATION DOIT DISPARAÎTRE’’ Pour ces florentins, la Cameroun n'a plus d'avenir ; l'Etat-nation doit disparaître ; il faut liquider l'éducation nationale, les services publics et surtout les services culturels. En finir avec l'héritage des indépendances, le syndicalisme, la laïcité, et autres ‘’boulets’’. Selon eux : « Nous allons réintégrer cette Afrique de la civilisation et du fédéralisme qui existe déjà au Nigéria. » Depuis, la messe est dite et la

collusion sans mystère. Nul espoir que les opposants s'insurgent contre ce projet obscurantiste des indépendantistes dont les Camerounais ne voudraient pourtant pas s'ils étaient consultés.

J’accuse le discours identitaire des leaders anglophones qui ont fait le lit de ce funeste projet de sécession ;

J’accuse les marchands d’illusions qui exploitent la misère du peuple ;

J’accuse les thuriféraires qui susurrent des mots doux à l’oreille du prince ;

J’accuse les charlatans d’un genre nouveau ;

J’accuse les nains politiques qui servent de relais au régime actuel ;

J’accuse les rabougris intellectuels qui disent tout et son contraire ;

J’accuse les architectes de la pensée dominante qui essaiment les plateaux de télévision et vocifèrent des idioties à n’en plus finir ;

J’accuse une opposition moribonde qui n’a pas su fédérer les populations autour d’un projet d’alternance crédible ;

J’accuse un gouvernement à la remorque de l’histoire ;

J’accuse les ‘’ninistes’’ qui infestent toutes les strates de l’Etat,

J’accuse une certaine presse qui apparait comme le perroquet de nombreux apparatchiks habités par l’esprit de système ;

J’accuse les nouveaux ambassadeurs de Dieu qui usent et abusent de la faiblesse d’esprit de certains ;

J’accuse les victimaires assermentés qui poussent des jérémiades en veux-tu, En voilà ;

J’accuse les prébendiers en tous genres qui spolient la fortune publique ;

J’accuse les fonctionnaires du ‘’Gombo’’ qui se servent au lieu de servir ;

J’accuse les commerçants inflationnistes qui clochardisent la population ;

J’accuse tous ces mercenaires : Biyaistes le jour et Marafistes la nuit qui gravitent au tour du Chef de l’Etat ;

J’accuse les monomaniaques du pouvoir qui sont prêts à tout pour rencontrer la magistrature suprême ;

J’accuse les ouvriers de la 25e heure qui récoltent les lauriers des véritables moissonneurs ;

J’accuse la ‘’diaspora de la thèse’’ constituée d’un conglomérat de carriéristes obnubilés par les postes politiques et administratifs ;

J’accuse la ‘’diaspora de l’antithèse’’ constituée des industriels de la critique qui s’opposent juste pour s’opposer et mènent des actions contre-productives ;

J’accuse les contempteurs du 21e siècle qui débitent des contre-vérités sans rien proposer en échange ;

J’accuse les nouveaux esthètes qui construisent chaque jour des usines à gaz ;

J’accuse…

C'est dans ce contexte que les leaders anglophones, encore eux, ont lancé l’année dernière dans les deux régions anglophones de notre cher et beau pays,

un mouvement sécessionniste. Fondant par la même occasion un nouveau lobby : ils ont clamé : « L'heure des méthodes douces est révolue. Pour obtenir des réponses concrètes et immédiates, il va falloir livrer bataille. » La première bataille à livrer était la lutte contre la République.

On ne change pas une équipe qui perd. Le Southern Cameroon National Council (parti indépendantiste), depuis les luttes des indépendances, c’est 50 ans d’échec. Un bourbier magnifique où les acronymes des différentes micro-formations « politiques » successives croisent le folklorisme bon teint d’un pays imaginaire, l’Ambazonie. Où des poseursde bombes alcoolisés revisitent l’histoire de la libération de l’Afrique.

Hormis un drapeau et quelques postures victimaires, où sont leurs victoires ? Nulles et non avenues ! Et puisque nous en sommes à l’heure des comptes, autant mettre des mots sur les maux :

le statut politique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’a pas évolué en un demi-siècle, un Etat fantoche (Ambazonie) dont les dirigeants virtuels se contentent d’aligner des déclarations les unes les plus farfelues que les autres, sous le regard paternaliste des opposants déboussolés par la situation;

cette vieille question de l’indépendance des régions anglophones, le hold-up du siècle disent certains, et l’échec latent du lobby anglophone, disent les autres. Incapables de porter les vraies revendications sociales, à savoir : plus de justice sociale, plus de santé, plus d’éducation, plus de formation, moins de corruption, moins de clientélisme… le gouvernement a fini par signer un chèque en blanc à ces indépendantistes du verbe.

une langue avec un statut victimaire, parlée par tous les Camerounais du Nord au Sud en passant par le Littoral. Quel numéro de chute libre pour arriver à la grossière comédie identitaire à laquelle on assiste aujourd’hui, ni plus ni moins qu’une déclinaison des revendications sociales ;

Une absence totale d’interaction entre les forces vives de la nation, souvent éloignées du réel, rarement sérieuses…et presque toujours enlisées dans les miasmes d’un gauchisme totalement archaïque.

Voilà pour l’essentiel. Mais continuons sur cette lancée prometteuse.

Et ces fameux indépendantistes alors, après cet éphémère coup médiatique, que deviendront-ils ? A défaut d’un cinglant « rien », nous préférerons un « pas grand-chose », reconnaissant au passage la sincérité et la bonne volonté d’une partie d’entre eux. Ce qui fut au tout début des indépendances une levée de conservatisme aura eu par la suite le mérite (le seul d’ailleurs) de conduire des personnes lambda vers l’idée ambazonienne. Mais là encore, l’amateurisme et l’inévitable tentation folklorique finiront par enterrer tout cela. Des milliers de participants au ton impérieux de Bamenda, on naviguera vers un rassemblement festif et folklorique.

La galère aux allures d’auberge espagnole post-revendications s’échouera finalement et lamentablement d’ici quelques mois, quand une maigre centaine de bonnes âmes iront soutenir certaines têtes brûlées et brûleuses de biens publics et privés devant les tribunaux. Des étudiants-chômeurs-précaires en martyrs sans gloire de la croisade identitaire, entre deux bières, un joint d’herbe et un slogan à la gloire d’un pays imaginaire (Ambazonie). Voilà comment le chantier s’achèvera. Défaite du gauchisme par K.O.

Ceci étant dit, oui, le bilan transpire la défaite pour le moins, mais laisse entrevoir une éclaircie : la situation ne peut que s’améliorer. Tout est à reconstruire sur les ruines de ce mouvement anglophone crépusculaire. Mais sachons au moins en tirer de sages conclusions : seule une nouvelle génération d’élites, formée aux questions identitaires et économiques (les deux seules qui importent en vérité), et saine de corps et d’esprit peut s’imposer comme un début d’alternative aux gouvernants de la République en fin de course politique. Car le constat, aussi radical soit-il, se doit d’être dressé : la masse est bien incapable de distinguer le beau, le bon et le bien dans son quotidien rempli de misère, de chômage et de sous-culture. En un mot, rempli de vide.

La corruption généralisée et la misère ont servi de prétexte à cette agitation. Comme le dit la sagesse populaire : ‘’La misère ambiante fait le beurre du séparatisme’’. Sous le drapeau d’un pays imaginaire, les bons anglophones sont venus fournir les troupes. On les fait défiler avec des armes blanches. Le lobby anglophone a gagné : la ‘’guerre’’ ne fait que commencer.

Excellence, Monsieur Le Président,

Restez attentif aux revendications sociales et administratives. A savoir : une meilleure répartition du ‘’gâteau national’’, une meilleure répartition des postes dans la fonction publique, plus de justice sociale et territoriale, plus de formation des jeunes, plus d’emploi, plus d’éducation, plus de santé, moins de manigances au port de Douala, à la douane et aux impôts, moins de clientélisme à l’Enam et dans les grandes écoles…

La diaspora vous exhorte également à demeurer imperturbable quant à la défense de nos frontières et de notre héritage commun, à savoir : le Cameroun. Sur ce dernier point votre responsabilité est engagée devant l’histoire.

Aussi, n’ayons pas peur de l’affirmer : nous ne sommes pas tous égaux ! La règle est la même partout. Pour 5% d’alpha-dominants, les 95% restants ne prendront aucune initiative, ne connaîtront aucune transcendance, et ne viseront jamais l’excellence, mais accorderont une solide confiance à ceux qui feront office de guides. La légitimité est là, juste à nos pieds, prête à être ramassée ! Le peuple, qu’il soit anglophone ou plus généralement Camerounais, a perdu le nord. Et seul, il ne l’aurait jamais retrouvé par le passé. À ceux qui se sentent faits du granit et habités par la passion du Cameroun, et non pas du bois compressé d’une table de salon Yaoundéen, nous vous invitons à devenir les nouveaux phares dans la nuit. De devenir les nouveaux guides.

Je tiens cependant à rassurer les prétendants qui s’effraieraient à juste titre devant l’ampleur de la tâche. La matière du développement du Cameroun est déjà là, sous nos yeux et dans notre sang. Relisez notre histoire, en apprenant de nos erreurs et de celles de nos dirigeants, sans mauvaise foi ni chauvinisme de comptoir et aussi sans honte. Redevenez créatifs, de quoi sont donc partis les pères fondateurs de la République en leur temps ? Apprenez de la quête d’excellence d’un Ruben Um Nyobé, de l’obstination à l’échelle d’une vie d’un John Ngu Foncha. Et débranchez donc définitivement la perfusion de ce vieux mouvement anglophone qui n’en finit plus d’agoniser.

Tournons enfin, sans reproche et sans peur, ces pages raturées et brouillonnes de ce pseudo-nationalisme anglophone et laissons Olier Mordrel conclure pour nous, je cite: « Souvent, il arrive que le très vieux revienne avec la violence du très neuf, et une force dont seul il a le secret ».

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