Programme économique : Ce que le gouvernement et le FMI se sont dit
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Le Fonds a terminé mardi 6 mars la première phase des discussions pour l’élaboration d’un plan gouvernementale de redressement. Le gouvernement a tenu ferme, mais quelques différends sont apparus.

Aucune couverture médiatique n’a été autorisée. Les briefings et les débriefings se sont déroulés dans le secret des bureaux. Ni l’étape de la présidence de la République, ni celle de la primature n’ont été rendues publiques. Et c’est quasiment dans l’anonymat que la Suisse Corinne Delechat, chef de l’équipe conjointe FMI Banque mondiale-Banque africaine de développement, en séjour au Cameroun depuis deux semaines, a quitté Yaoundé, avec la satisfaction du travail accompli.

En effet, sa mission a atteint son objectif principal, qui était d’établir une équivalence de compréhension des termes, de la réalité et des chiffres avec les autorités camerounaises pour utiliser la même grammaire dans les discussions à venir. Corinne Deléchat et son équipe ont eu des échanges avec de nombreuses administrations et institutions et arrêté les premières conclusions provisoires de ce qui sera le prochain programme économique et financier du pays avec le Fonds monétaire.

Ils sont parvenus à de nombreux points de convergence, mais ont achoppé sur le taux de croissance et le déficit budgétaire de 2016. Preuve que cette session était importante, les deux parties ont trouvé un point d’équilibre et parlent désormais le même langage et disposent des mêmes données. Cela ne fait plus l’ombre du moindre doute, le Cameroun va être mis sous-programme de redressement économique, appuyé par un instrument du FMI. Lequel ? Rien n’est encore arrêté.

Les autorités camerounaises n’ont pas dit si elles veulent un instrument avec décaissement de fonds ou sans décaissement. Ce programme démarrera cette année et sera étalé sur trois ans 2017-2019. Une délégation camerounaise va se rendre à Washington dans les prochaines semaines pour poursuivre affiné les détails. Mais quelques certitudes et « victoires » ont déjà été obtenues par le gouvernement, sur la droite ligne du refus de l’austérité. Les dépenses courantes ont été sauvegardées.

Ce qui signifie qu’il n’est envisagé pour le moment aucune baisse de charge salariale, ni de réduction des primes et gratifications des fonctionnaires. De même, les dépenses sociales ne courent pas le risque d’être réduites, car la volonté ferme du gouvernement, exprimée au FMI, est  d’éviter de donner l’impression d’une austérité. Ce qui n’a pas déplu.

Les dépenses d’investissement ne seront pas, elles aussi, baissées mais elles ne suivront pas la courbe croissante de ces dernières années, même si  un ralentissement est déjà perceptible cette année 2017. Ce qui induit qu’il n’y aura pas de nouveaux projets d’infrastructures, mais simplement la poursuite de ceux qui existent ou sont sur la rampe de lancement. Le Cameroun a aussi consenti d’arrêter sa fièvre d’endettement particulièrement orientée ces dernières années vers des prêts non-concessionnels.

Cette période de gel ou de transition va durer trois ans, au cours desquels le gouvernement va travailler à renforcer la stabilité économique du pays, avant de retrouver ses ambitions d’émergence à l’horizon 2035. « Nos discussions avec le FMI ont été laborieuses, nous avions une équipe solide qui avait préparé ses dossiers », a confié une source ayant pris part aux travaux. Ce que notre source ne dit pas, c’est que les négociateurs camerounais n’ont eu que deux jours pour préparer la venue de la mission du FMI, car ils n’ont été informés qu’à la dernière minute de la pression exercée par Bretton Woods de donner une suite rapide aux 23 résolutions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEMAC du 23 décembre 2016 à  Yaoundé.

« Fort heureusement pour nous, nous les attendions », dit un autre négociateur camerounais, un document à la main. Il porte le titre de « Document de réflexion de stratégie économique 2017-2019 » et est présenté comme le plan gouvernemental interne pour gérer la période transitoire du programme économique avec le Fonds. Il a été déroulé en conseil de cabinet le 26 janvier 2016 par le ministre de l’Economie, Louis Paul Motaze et adopté par  l’ensemble du gouvernement comme étant « les mesures de renforcement de la stabilité macroéconomique ».

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