En Côte d’Ivoire, la grogne des militaires s’étend à d’autres corps de sécurité
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La prime accordée à certains mutins à la mi-janvier par le gouvernement ivoirien a entraîné les revendications des gendarmes qui s’estiment aussi lésés.

Les tensions persistent en Côte d’Ivoire. Mercredi 18 janvier, des tirs ont encore été entendus dans différentes villes du pays. A Abidjan, au niveau du port autonome, fermé une partie de la matinée, et également à Bouaké, épicentre de la mutinerie initiée le 5 janvier par des militaires.

Cette fois, ce sont les gendarmes, rejoints par d’autres soldats et des gardes pénitentiaires, qui réclament une prime et une amélioration de leurs conditions de travail. Selon un journaliste de l’agence de presse Reuters à Abidjan, les gendarmes sont ensuite sortis de la zone portuaire et ont bloqué un grand axe dans le quartier de Treichville, interrompant la circulation et incitant des habitants à se réfugier chez eux.

Revendications en chaîne

Ce nouveau mouvement d’humeur fait suite au premier paiement, mardi 17 janvier, aux 8 500 mutins, anciens rebelles des Forces nouvelles qui avaient soutenu l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, intégrés dans l’armée et qui avaient protesté au début du mois. Dans une allocution face à la presse, mercredi, le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné a précisé que ces soldats « avaient été désignés pour participer à des opérations de sécurisation du processus de sortie de crise, de 2007 à 2011. Les dispositions de l’accord politique de Ouagadougou prévoyaient à l’époque leur prise en charge par le budget de l’Etat. Durant cette période ces soldats n’ont perçu ni prime ni salaire. »

Le gouvernement a donc accepté de céder à cette première salve de revendication concernant le paiement d’arriérés de primes et de salaires. Mais les 12 millions de francs CFA (18 000 euros) promis – dont 5 millions de francs CFA seront payés avant le 5 février – ont ouvert d’autres appétits. L’armée ivoirienne compte 22 000 hommes et la gendarmerie, 15 000. « Tous les corps “habillés” [militaires et gendarmes] ont participé à la guerre [dix années d’instabilité], donc s’il doit y avoir une prime, elle doit être pour tout le monde », assure un gendarme à l’AFP.

Depuis mardi, une dizaine de villes ont été touchées par la colère des « corps habillés » comme sont surnommés les militaires et policiers en Côte d’ivoire. A Bouaké, épicentre de la mutinerie du début du mois, la situation n’était pas loin de dégénérer en combats entre gendarmes et soldats qui avaient obtenu leur prime. Bruno Nabagné Koné a fait état de quatre morts pour cette seule journée de mardi, sans préciser à ce stade les responsabilités.

Appel au calme du gouvernement

Face aux revendications corporatistes, le gouvernement espère trouver rapidement une solution. A l’issue du conseil des ministres de mercredi, Bruno Nabagné Koné, entouré des ministres de la défense, Alain-Richard Donwahi, et de l’intérieur, Hamed Bakayoko, a appelé les populations au calme et assuré être en discussion avec les différents corps de mutins.

« Des dispositions ont commencé à être prises », a rappelé le porte-parole du gouvernement en invitant « l’ensemble des militaires, des gendarmes, des policiers, des douaniers, des agents des eaux et forêts et des gardes pénitentiaires » à contribuer au retour au calme.

La Côte d’Ivoire a mis en route en janvier 2016 une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu’en 2020. Elle prévoit la modernisation et des achats d’équipements pour 1,2 milliard d’euros et une refonte des effectifs. Le gouvernement pourrait puiser dans cette ligne budgétaire pour financer la prime aux mutins, mais il faudrait alors reporter les réformes et il n’a pas les moyens d’offrir cette prime à toutes les forces de sécurité.

Les finances ne sont pas au mieux avec la baisse des prix du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial. De plus, le gouvernement doit répondre aux revendications de la fonction publique. Les fonctionnaires ont reconduit, mardi, leur grève commencée le 9 janvier. Ils revendiquent des augmentations salariales et refusent une réforme des retraites. Le gouvernement a annoncé en ce qui les concerne une série de propositions qui devraient être dévoilées jeudi.

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