Révélations : Le Préfet du Nkam sort de sa réserve et démasque plusieurs élites
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Depuis les dernières élections et sa confirmation au poste de Préfet du Nkam à travers une prolongation d’activité, Félix Bolonougou n’avait pas encore donné les secrets de l’echec du RDPC dans le Nkam. Bien que connue de façon évasive, la vérité sur la défaite du RDPC et l’accaparement par l’UFP de la Mairie de Yabassi avait fait couler beaucoup d’encre et de salive et discrédités plusieurs ministres, hauts responsables et cadres du RDPC. Après les derniers renouvellements d’organes de base, les besoins sans cesse croissant de développement du département du Nkam et les deniers rebondissements, le Préfet s’est confié sans tabou.
 
Quel bilan pouvez-vous dresser sur le plan administratif de votre passage dans le département du Nkam ?
En réalité je ne saurais parler de bilan compte tenu du fait que j’y suis encore et qu’on peut bien entendu le faire à mi-parcours. Je peux tout de même essayé de brosser en quelques sortes quelques activités liées à mes fonctions au sein du département.
Depuis bientôt 6 ans que je suis à la tête du département. J’ai été installé dans mes fonctions le 2 Juillet 2010 par le gouverneur Faï Yengo, auparavant à la tête de la région du Littoral. Nous sommes en Juillet 2016 et je compte sans me tromper 6 ans et plusieurs jours de plus ici. J’avoue qu’aujourd’hui, mes collaborateurs et moi avons fait un travail profond surtout au niveau des chefferies traditionnelles. A notre arrivée dans le Nkam, presque toutes les chefferies traditionnelles étaient vacantes. Les Chefs traditionnelles étant des auxiliaires de l’administration, il aura fallu les réhabiliter afin de mieux travailler. Lorsque vous travaillez sans ces Chefs traditionnels, on a l’impression que vous travaillez sans avoir les pieds posés sur le sol parce qu’ils sont en quelque sorte le relais auprès de la population à la base et l’autorité administrative.

A l’heure où je vous parle, nous avons comblé les 8 chefferies de 2e degré cantonales du département du Nkam. Je peux citer sans me tromper du canton Wouri Bwelle, Wouri Bossoa, Nyamtan, Badjob-Ndokpenda, Dibeng-Ndokbélé, Yingui-Centre (Ndoktouna), Ndokbanol, etc. J’ai également demandé aux sous-préfets de combler toutes les chefferies de 3e degré restées jusqu’ici sans Chefs traditionnels. Ce travail qui tire vers sa fin, fait ressortir à mon avis un bilan largement positif compte tenu de l’adhésion des populations dans le choix de leurs dirigeants à la base. Le gouverneur qui vient d’achever sa tournée de prise de contact, il a été constaté une grande mobilisation de la population pour signifier leur approbation car l’information est bien partie du sommet à la base et les chefs traditionnels ont fait leur travail.

Sur le plan économique, nous n’avons cessé de sensibiliser les populations pour valoriser les terres du Nkam. Vous savez que dans la région du Littoral, le Nkam reste encore le département où il existe encore beaucoup de terre en friche. Nous sensibilisons davantage les populations à travailler pour produire et de temps en temps nous constatons que le petit marché de Yabassi regorge de plus en plus de produits vivriers ravitaillant également la ville de Douala.

Sur le plan social, beaucoup d’écoles ont été construites ainsi que des établissements secondaires. Sans compter les migrations de plusieurs CES en Lycées, etc. je crois que le véritable problème réside encore dans le manque d’effectif suffisant affecté dans le département pour y travailler. Les services publics également fonctionnent tant bien que mal. La plupart des responsables ne résident pas dans les localités dans lesquelles ils sont appelés à travailler. C’est donc le problème du Nkam. Ajouté à cela l’état des routes qui ne facilite pas une mobilité rapide. Même lorsque l’ancien gouverneur du Littoral Joseph Béti Assomo était venu en visite dans le département, nous avons été confrontés à la praticabilité de la route qui dessert le département car nous avons dû pousser son véhicule et celui de ses collaborateurs.

Par contre, depuis l’arrivée du gouverneur Ivaha Diboua, nous constatons une nette amélioration du réseau routier qui nous a permis de rouler dans le département sans difficultés jusqu’à Ndobiang. Pour ma part, il faudrait que les choses continuent de s’améliorer dans le sens positif de la chose. Actuellement, nous sommes très attentifs dans l’avancée des travaux de bitumage Douala-Yabassi. Il nous a été révélé récemment que les appels d’offre lancées ont été infructueux mais il n’est pas exclu que l’administration attribue ce marché de gré à gré pour la poursuite du processus de bitumage. Avec cela, je peux conclure qu’en 6 ans de fonction au sein du département, mon bilan n’est pas du tout négatif.

Avec ce bilan dressé par Vous nous pouvons dire qu’il n’y a pas eu de véritables difficultés dans votre travail ?
Non !! Les difficultés, ils y en ont eues bien sûr. L’autorité administrative du département est également là pour affronter ces difficultés et trouver les solutions idoines. Je vous avouerais même que le Nkam a été pour moi un fief à problèmes. Surtout dans les problèmes politiques car ici dans le Nkam il y a des personnes qui ont voulues lettre ma moralité et mon engagement politique en cause oubliant que nous sommes formés pour cela. Lorsque vous sortez de l’Enam ayant fait Administration et que vous êtes affecté au Ministère de l’administration du territoire, dites-vous que tôt où tard vous serez appelé à devenir un Représentant du Chef de l’Etat. L’être signifie représenter tous les autres groupes constituant notre exécutif à savoir Premier Ministres, Ministres et Assimilés et bien d’autres. Comment pourrait-il être possible d’être le représentant de Quelqu’un et en être son opposant ?

Cela ne peut être possible. Avec le temps, l’on constate que cela a été juste une incompréhension de quelques élites parce qu’il faut avouer que plusieurs problèmes non résolus du Nkam émanent d’abord des élites qui ne veulent pas faciliter la tâche aux autorités administratives. Une élite qui ne réside même pas sur place. Moi en 6 ans de fonction, je n’ai que eu quelques jours pour sortir du département et de la ville de Yabassi. Encore que lorsque cette élite arrive dans le département, elle ne veut même pas écouter la modeste personne de l’autorité administrative et devient plutôt des entraves à l’autorité administrative.

Pour le reste des difficultés telles que les infrastructures de l’autorité administrative ainsi son déplacement, ils ne sont l’apanage du seul département du Nkam.

Monsieur le Préfet du Nkam, nous constatons que le Chef de l’Etat vient encore de vous confirmer comme Autorité du département. Quel est votre sentiment devant tout ce que vous avez cité comme entraves à vos fonctions au sein du département ?
Je suis très satisfait car je suis persuadé que pour notre Président de la République cela est une manière de m’encourager à continuer à travailler et supporter toutes les difficultés rencontrées depuis lors. Partout où l’on est appelé à travailler, il ne faut jamais croire que les choses seront faciles. Cette satisfaction est d’autant plus personnelle car je suis fier parce que ce département est presque similaire au mien où les bagarres de leadership ethnico-tribales ne sont pas aussi ressenties. Surtout à l’approche de certaines échéances. Ici dans le département, les frères se regardent en chien de faïence au quotidien.

Je constate seulement qu’après les élections présidentielles de 2011, le Nkam a eu la palme d’or en termes de nominations aux hautes fonctions de l’Etat avec 4 ministres nommés au sein du gouvernement. Ce qui n’est jamais arrivé partout ailleurs. Il y a même ceux qui sont montés au poste de Ministre sans avoir travaillé ou fait quoi que ce soit dans le département. Pire encore, l’on ne pourrait dire qu’ils sont des militants convaincus du RDPC dans le département car lors de la campagne électorale l’on assistait plutôt aux injures et invectives de part et d’autre. Malgré cela, ils ont été propulsés. L’on avait alors cru que cela devait s’arrêter, mais hélas ! La guéguerre a continué. A ce jour, le Nkam a perdu quelques personnalités mais garde encore des porte-paroles crédibles pour la base et le peuple du département. Nous espérons à présent que cela à servie de leçon.

Il faut l’avouer le Nkam avait réussi à avoir lors de cette élection présidentielle 98% des suffrages malgré ces divisions citées plus haut. Le meilleur résultat dans la région du Littoral.

A mon humble avis, les 2 ans que j’ai pu encore obtenir de la part du Chef de l’Etat, résulte du travail de veille et de sensibilisation que j’ai toujours eu à faire depuis 6 ans. J’en profite ici pour dire merci pour ce qui a été fait en ma faveur. Même comme en Afrique, il y a une adage qui voudrait que : « qui dit merci en demande d’avantage ».

Dites-nous Monsieur le Préfet du Nkam, depuis les dernières élections législatives et municipales, le RDPC a perdu un bastion important à savoir la mairie de Yabassi. Pouvez-vous nous dire concrètement ce qui a causé cet échec ?
J’affirme ici qu’en parlant de l’opposition qui a réussi à prendre la mairie de Yabassi, c’est une opposition montée de toute pièce. Une opposition virtuelle et qui n’existe même pas puisque ceux sont les militants d’un camp du RDPC qui auront décidés de combattre l’autre camp. Il s’est agi de combat d’intérêt. Le parti politique UFP (Union pour la Fraternité et la Prospérité) qui a donné l’impression d’avoir gagné la mairie n’a aucun militant à Yabassi. Le camp dissident du RDPC qui a ainsi permis de faire basculer la Mairie dans l’opposition est le même camp qui a gagné les postes de responsabilité dans le RDPC lors des renouvellements des organes de base du parti dernièrement.

J’espère au moins que cela permettra de faire régner la stabilité dans le département. De mon observation, actuellement s’il y a élection je pense que le RDPC pourra glaner tous les postes. Les prochaines échéances électorales risqueront de ne même plus entendre parler de l’UFP dans le Nkam.   

Dans le Nkam, il y a une diversité tribale. Les gens se regroupent autour de leur tribu et il en existe deux grandes. Les Bassas et les Bandems constituent la grande majorité de la population de Yabassi. L’autre côté est constitué de Pro-sawa et dans la vallée nous avons trois cantons à savoir Bodiman, Wouri-bwellè et Doumbè-bosso. Face à ses trois cantons cités, il y a neuf en face. Comment il est possible de pouvoir faire le poids lorsque les élections approchent ? Le plus grand côté est celui qui a neuf cantons et celui qui est majoritaire. La stabilité serait bien consolidé si ses neufs cantons avaient également leur porte-parole au sein du gouvernement ou dans l’appareil étatique. Mais comme les fonctions de l’Etat sont à la discrétion du Chef de l’Etat, les attentes se convergent vers lui. Le Chef de l’Etat a même déjà commencé à mettre de l’ordre en enlevant plusieurs ministres issus du Nkam. Je pense que si le camp majoritaire avait un véritable représentant au gouvernement, l’accalmie serait encore plus importante que maintenant.

Parlant des litiges fonciers, le Nkam est-il un exemple de sérénité ou y-a-t-il encore un énorme travail à faire pour régler cela ?
Les problèmes de terrain ou si vous voulez les litiges fonciers sont légions dans le Nkam. Plus perceptibles à Yabassi de part sa proximité avec Douala, il y a la pression foncière qui met la ville au centre de plusieurs convoitises. La majorité des Nkamois sont conscients qu’ils faudraient déjà revenir au village. Beaucoup avait déserté Yabassi pour aller s’installer à Douala. Mais c’est le mouvement contraire qui semble se passer depuis quelques temps. Encore qu’il y a beaucoup de jeunes en chômage dans les grandes villes et à qui l’on demande rentrer cultiver la terre au village malgré le fait qu’ils n’ont presque plus de repère sur le patrimoine foncier. C’est tout cela qui cause une pression foncière actuellement dans le département.

Cette pression foncière aura causé la suspension par le Ministre des domaines de toutes activités liées aux transactions foncières (commissions et autres). Le Ministre en prenant cette décision remet très certainement en cause le travail de ces commissions ! Mais je crois également que cette décision pénalise les populations pour rien. Un travail bien fait même si  cela suscite des contestations ne dot pas entièrement être remis en cause. Parfois des gens font des oppositions fantaisistes. Pour lever ses oppositions, les mêmes commissions peuvent trancher sans que cela puisse encore causer problème plus tard. Je crois qu’avec la route qui traversera le département, cette pression foncière sera davantage accentuée. Il faut simplement que les autorités soient de plus en plus vigilantes.

Parlez-nous précisément du litige qui oppose les villages Njanga et Sollè ?        
Ce problème est tellement sensible que ma hiérarchie m’a demandé de surseoir les différentes actions à entreprendre alors que j’aurais pu déjà résoudre ce conflit.

Pour que vous compreniez mieux, il existe deux chefferies. Celle située à Njanga et l’autre à Sollè. Njanga possède ses limites avec Sollè. Il est donc question de reconstituer les limites pour que chaque chefferie reste de son côté. Malheureusement, le Chef de Njanga ne réside pas dans son village car il est parti de là il y a longtemps et vit à Sollè. Celui de Sollè profite de ce fait pour dire que Njanga n’existe pas. Hors sur la liste des villages de Yabassi, il y a bel et bien le village Njanga avec sa délimitation ainsi que les coordonnées géodésiques sur le lieu exact de ce village. Donc ce problème de litige existe bel et bien.

Le Chef de Sollè au lieu de se limiter à sa circonscription de compétence, vend plutôt les terres de Njanga. Il installe les communautés anglophones dans toute la localité de Njanga et il monte au fur et à mesure qu’il entend que la commission va venir sur le terrain pour trancher et à même déjà dit a plusieurs habitants que le Prefet va venir les chasser. Pour l’instant, ces habitants qui sont installés ont soit achetés le terrain chez les deux chefs soit chez un seul. Nous voulons juste mettre la ligne de démarcation afin que chacun sache exactement de quel côté il se trouve. Jusqu’à présent le chef de Sollè très intrépide ne cesse de faire n’importe quoi. Il passe son temps à faire des déclarations mensongères aux médias.      

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