Le poison lent
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: Le poison lent :: CAMEROON

En quelques jours d’intervalle, le gouvernement de la république du Cameroun, par la voix de Issa Tchiroma, a sorti le glaive du fourreau, pour le brandir contre Amnesty International et l’Onu. Faisons grâce des épithètes puis de la tonalité utilisés pour pousser ces grands cris d’orfraie contre le lanceur d’alerte et l’organisation qui a rendu au Cameroun une partie de son territoire spoliée par son grand voisin…

Posons-nous simplement quelques toutes petites questions : comment de concert, l’Onu et Amnesty international peuvent-ils choisir de « déstabiliser » le pays de Paul Biya en même temps ? Avec quel crédit notre pays peut-il mener une guerre, fût-elle des mots, en même temps contre l’Onu et Amnesty international ? Sur quel sujet portent les remarques, les récriminations et les incompréhensions entre le régime au pouvoir au Cameroun et ces organisations ?

Lorsqu’on se donne la peine de prêter attention à ce que ces deux organisations indexent, on remarque qu’il s’agit d’une seule et même  question : les Droits de l’Homme. On le sait, les manipulations diverses dans le monde d’aujourd’hui ont plus ou moins décrédibilisé les revendications « droits-de-l’hommistes camer.be», à cause de la géométrie variable avec laquelle cette question est vue. Mais ne cherchons pas à  profiter des fumigènes pour nous dissimuler : le Cameroun a mal à ses Droits de l’Homme.

Non pas que sous l’ère Biya notre pays en soit à la sanguinaire dictature de Pol Pot…Non, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il s’agit plutôt de la légèreté avec laquelle ceux qui gouvernent le Cameroun considèrent ces questions, et l’inhumanité qui caractérise la gestion des enjeux liés à la valeur de l’être humain, de la vie humaine chez nous. Notre pays est-il attaqué ? Il se défend. Un point, c’est tout.

Il n’y a pas de guerre propre. Mais on peut se défendre plus efficacement, si nos populations constatent qu’elles sont protégées, rassurées et encadrées par leur armée. C’est une question de professionnalisme de nos forces de défense. C’est de la technique, et cela peut être amélioré. Dans l’intérêt de tous. Au lieu de cet argumentaire simple, nous avons droit à un paresseux déni, qui conforte les  accusateurs et décrédibilise celui qui veut à tous prix décrédibiliser.

Une série de procès kafkaiens, suite à des accusations ubuesques, ponctuée de peines dantesques a-t-elle eu lieu ? Ravalons notre fierté mal placée et corrigeons des injustices flagrantes pour ramener la paix dans les coeurs. Les années sida on fait apparaître dans l’univers Camerounais une bien curieuse maladie : « le poison lent ». Devant les diagnostics de Vih posés cliniquement et incontestablement, de nombreux malades et leurs proches s’évertuaient à attribuer les maladies opportunistes qui les rongeaient à un certain « poison lent », qui aurait été « lancé » par quelque méchant, parent ou collègue, en tous cas, quelqu’un « qui ne vous veut pas du bien ».

Les issues de cette affection sont toutes connues, c’est l’inexorable décès, une mort stupide, alors qu’une maladie assumée et un traitement efficace et disponible garantissent un mieux-être certain. Mot pour mot, la question du respect le l’Homme, de ses Droits, des Droits de l’Homme constitue le poison lent de la vie camerounaise aujourd’hui.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo