Portrait : Paul Atanga Nji, le « joker » de Biya
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Contre vents et marées, le ministre chargé de mission à la présidence de la République s’illustre comme un fervent défenseur du régime.

Il s’appelle bel et bien Paul Atanga Nji. Il est originaire de la région du Nord-Ouest. Appelez le fou de Biya ou la taupe du régime. Telle une taupe, ce petit mammifère fouisseur de l’ordre des insectivores, qui vit sous terre dans les sols humides et meubles, en se signalant par des monticules de terre, les taupinières, il aime à se retrancher dans sa tour d’ivoire, mieux à la présidence de la République.

A l’image de la taupe qui ravage les cultures, il terrasse les ennemis du chef de l’Etat. Son arme, son apparente solitude. Dans le quotidien gouvernemental du 7 juillet, il est sorti de ses gongs pour défendre la souveraineté de la grâce présidentielle accordée à Me Lydienne Eyoum. Dans cette tribune qui n’est pas la première, il soutient que le président de la République « n’agit jamais sous  une  quelconque pression ».

Mais qui est ce défenseur invétéré du président ? Sur le site du gouvernement, on n’a aucune trace de son parcours. Il ne prend pas les appels des numéros inconnus. Pourtant, son militantisme au sein du Rdpc n’est plus à démontrer. Il s’oppose spontanément aux « ennemis de la République » et du chef de l’Etat. Des exemples pullulent à cet effet. Généralement dans des circonstances où l’honneur du régime doit subir un coup.

Opération Epervier

En février 2016, il lance à la surprise de tous, l’idée de  la présidentielle anticipée. Alors que les fameux appels à la candidature du chef de l’Etat battent leur plein. Ministre chargé de mission à la présidence de la République, les Camerounais ont découvert en lui, un « féru de littérature ». Sa littérature spontanée l’amène à « déchirer » les livres écrits par des hauts cadres tels que Mebara, Olanguena et Marafa, poursuivis dans le cadre de l’Opération Epervier.

Oubliant presque sa convocation au Tribunal criminel spécial (Tcs) dans le cadre de l’enquête sur les détournements de fonds publics à la Campost, que Paul Biya fait et défait ses créatures, il a écrit il y a quelques temps que « le Chef de l’Etat, de manière discrétionnaire, nomme aux fonctions civiles et militaires, et peut à tout moment révoquer les personnes nommées ».

Feinte ou roublardise ? La créature du créateur accuse « les écrivains de circonstance ». C’était au lendemain de la parution de « Mensonges d’Etat. Déserts de république au Cameroun », paru le 3 mars 2016 aux éditions du Schabel à Yaoundé. Un livre d’Urbain Olanguena Awono, ex-membre du gouvernement, condamné pour détournement de fonds publics. Contre Mebara, Marafa, Olanguena, tous auteurs de la dynamique maison d’édition du Schabel basé à Yaoundé, Paul Atanga Nji écrit : « il est surprenant de constater que ces anciens hauts commis de l’Etat prétendent tous être détenus pour des raisons politiques et non pour des délits de droit commun. Et comme par enchantement, chacun se met dans la posture d’un homme politique d’envergure qui aurait passé sa vie à servir le pays. »

On peut également questionner sa posture, mais l’homme de Biya a choisi son camp. Espérons que dans quelques mois ou années, il ne deviendra pas un renégat. Pour l’instant, fort de sa casquette de membre du comité central du Rdpc, il monte courageusement au créneau, attaque et contre-attaque les opposants de la machine Biya. Paul Atanga Nji avait rédigé toute une tribune à la page 9 dans le quotidien Cameroon Tribune du 16 mars 2016, pour défendre son mentor et son créateur.

Villes mortes

Ce cadre du parti au pouvoir, par ailleurs président de la section Mezam I dans la région du Nord-Ouest, a fortement contribué à la promotion et aux victoires de son parti dans sa région d’origine. Normal. Au sein de l’appareil gouvernant de l’Etat, il occupe les fonctions de ministre chargé de mission à la présidence de la République et celles de secrétaire permanent du Conseil national de la sécurité. Des actions contagieuses aux allures de militantisme ne manquent donc pas à l’appel.

Proche du président Biya, il n’a cessé d’inviter les siens à magnifier l’intérêt porté par le chef de l’Etat à la région du Nord-Ouest. Ce fut le cas lors des cérémonies marquant le Cinquantenaire de l’armée camerounaise, le 10 décembre 2010 à Bamenda. Quand l’occasion s’est prêtée, il n’a pas hésité à exhiber le chapelet des « grandes réalisations ». Au point de se considérer implicitement comme un exemple de patriote. Sans surprise, il nie tout nationalisme et tout patriotisme à ceux qui sont détenus aujourd’hui.

Le jeune opérateur économique qui est réputé avoir soutenu Paul Biya en 1990-1992, en offrant 100 taxis à l’Etat pour lutter contre les villes mortes à Douala. Un  patriotisme jaugé à l’aune du militantisme à l’égard du Rdpc donc ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que Paul Atanga Nji est encore sous les projeteurs ces dernières semaines. Sa fidélité est pour l’instant sans faille et il est prêt à descendre dans les coins et recoins les plus insoupçonnés pour empêcher toute traversée du désert. L’homme d’affaires était déjà descendu au fond de la prison de New-Bell pour signer une motion de soutien des prisonniers originaires du Nord-Ouest. Discret mais efficace et rude, certaines langues estiment que le « joker » de Biya généralement présent est à l’origine de la rencontre historique en 2010 entre Fru Ndi et Paul Biya.

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