Performances : Ces rapports qui embarrassent le pouvoir
CAMEROUN :: POLITIQUE

CAMEROUN :: Performances : Ces rapports qui embarrassent le pouvoir :: CAMEROON

Le régime se montre très peu disposé à recevoir les critiques que lui adressent systématiquement les organismes internationaux.

La dernière poussée de boutons remonte à très peu. Dans son édition de mardi dernier, 19 avril, Cameroon Tribune (CT), le quotidien gouvernemental, monte au créneau dans un dossier de deux pages intitulé : « Manipulation : la saison des rapports accablants ». En lieu et place d’Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, qu’on a généralement vu dans ce rôle, ce sont les éditorialistes, mieux les grandes plumes du journal à capitaux publics de la Rue de l’aéroport à Yaoundé qui répondent aux critiques portées sur le Cameroun.

La sortie de CT survient quelques jours après le rapport américain sur les libertés publiques. La principale idée qui se dégage de cet autre document qui porte en partie sur le Cameroun c’est que les libertés publiques dans notre pays ont encore reculé au cours de l’année dernière. Le rapport 2015 des Etats-Unis d’Amérique évoque les exécutions arbitraires et illégales, non seulement dans le cadre de la lutte contre Boko Haram mais aussi dans d’autres situations, les discriminations contre les homosexuels qui demeurent, les conditions de détention dans les prisons, les détentions et arrestations arbitraires.

S’agissant des libertés publiques dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, le rapport des Etats-Unis précise que si les lois les garantissent elles continuent à être régulièrement violées. C’est le cas de la liberté d’expression, de la liberté d’association, de la liberté de manifestation publique ou encore de la liberté de religion. C’est le énième rapport, pour le moins négatif sur le Cameroun depuis septembre dernier. A cela, Yves Atanga, le rédacteur en chef de CT rétorque : « En tous  cas, le Cameroun s’attèle à se construire. Malgré les obstacles.

Le terrorisme de Boko Haram tente d’y mettre un frein. La dynamique qui puise sa force dans le sens patriotique des camerounais n’en est que renforcée. Les rapports peuvent alors choisir de ne pas voir le préjudice causé au pays et braquer les projecteurs sur de prétendues exactions des forces de défense sur des civils, vouloir profiter de la situation sécuritaire dans les zones de conflit pour présenter le Cameroun comme un pays à « risque » (ce qui a valu une récente sortie du ministre de la Communication, Ndlr). Ce ne sont pas ces manoeuvres de distraction de l’opinion publique qui vont déconcentrer les camerounais.

Des rapports, ils en ont vu d’autres ». Son collègue, Essama Essomba, éditorialiste, est encore plus sentencieux : « Ne nous perdez pas du temps ! », envoie-t-il à Amnesty international, Transparency international, Human rights watch, Freedom house, pour ne citer que ceux-ci qu’il qualifie d’ « Ong bien pensantes ».  

Mauvaise foi

En 2009, le comité catholique contre la faim s’était penché sur ce qui a été appelé « l’affaire des biens mal acquis ». L’ensemble de l’appareil de l’Etat s’est chargé de faire le ménage et de peindre un visage immaculé à Paul Biya accusé d’être à la tête d’un important patrimoine immobilier en France. En 2014, International crisis group critique vertement les options sécuritaires et politiques du régime et demande à Paul Biya de quitter le pouvoir en 2018.

Emilia Monjowa Lifaka, député Rdpc et vice-présidente de l’Assemblée nationale a répondu à l’Ong en arguant que les Camerounais restent les seuls interlocuteurs capables de prendre une décision d’une telle gravité. En 2015, Amnesty international relève dans son rapport que les forces de sécurité ont commis de graves violations dans leurs réponses aux atrocités de Boko Haram. Issa Tchiroma qui ne manque jamais à ce type d’appel indique que le rapport de Amnesty international « manque d’objectivité » et « de rigueur méthodique ».

« Nous ne rejetons pas tout le rapport en bloc », cependant, le « porte parole du gouvernement » relève que « Amnesty international qui est dans son rôle grossit parfois  les traits. Les accusations nous semblent exagérées et parfois manquent de fondement ». En effet, ces institutions internationales savent à elles seules mobiliser à l’extrême tous les porte-voix du régime. En tête de ceux-ci Issa Tchiroma Bakary auquel se greffent tous les réseaux de prise de parole proches du pouvoir qui sont mis à contribution pour les besoins de la cause.

Piloté par le cabinet civil, apprend-on, l’objectif à l’ensemble de l’argumentation (éléments de langage) est de balayer toutes les critiques qui pourraient défraîchir Paul Biya, le régime de Yaoundé et sa gestion de l’Etat. En substance, il s’agit de dire que le président Paul Biya est inutilement détesté, harcelé et méprisé par une horde d’activistes dont la principale caractéristique serait la mauvaise foi.

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo