Quand les autorités politiques de Zoétélé défient la parole de Biya
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Qui a osé piétiner les instructions du président national du RDPC pour un examen des requêtes émanant des sections RDPC du Dja et Lobo, à la suite des fraudes massives qui avaient émaillé le processus de renouvellement des bureaux des organes de base ? A Zoétélé, la question envenime les relations entre militants du parti du « flambeau ardent » depuis la publication il y’a une dizaine de jours, par le journal « L’Action », des résultats des scrutins organisés à cet effet, et qui manifestement ont ignoré les multiples revendications formulées par les militants frustrés par les irrégularités flagrantes du processus, en consacrant les listes querellées.

Et pour cause, parmi ces revendications, figurait en bonne place cette de Mme isabelle Ebanga née Nyangono Bilanda. Sollicitée par Mme Adeline Akono, présidente élue de la section pour faire partie de la liste « commune » qui se constituait en vue de la direction de la section OFRDPC du Dja et Lobo 2, elle a été contrainte de démissionner de son poste de Secrétaire de la sous-section Zoétélé-centre, conformément aux dispositions statutaires du parti.

Mais curieusement, à la publication de la liste retenue pour le vote, son nom avait miraculeusement disparu. Plus grave, cette liste était truffée de femmes qui cumulent avec d’autres postes au sein des autres sous-sections. Depuis lors, elle n’a cessé de dénoncer cette forfaiture empreinte de filouterie politique, par médias interposés, pour solliciter la reprise du processus électoral. Après avoir menacé de marcher à pied jusqu’à Etoudi pour plaider sa cause, elle interpellait en mi-décembre Mme Cantal Biya, Présidente d’honneur de l’OFRDPC, pour que l’imposture ne soit pas cautionnée.

Selon des sources crédibles au sein du sérail, les complaintes de Mme Ebanga ne sont pas restées sans suite auprès de la haute hiérarchie du parti. Saisi du dossier à deux reprises, d’abord à la conférence sur le changement climatique organisée à Paris fin novembre, et à l’Assemblée générale du l’Unesco mi-décembre toujours dans la capitale française, Paul Biya, le président national du RDPC, avait donné des instructions pour que la requête de cette militante de la première heure soit examinée avec attention. Le Directeur du Cabinet civil, qui recevait ces instructions, les a transmises pour exécution auprès de certaines autorités politiques du Dja et Lobo.

D’après nos recoupements, Mme Ebanga avait été approchée par un élu local du département, qui lui aurait promis une rencontre avec les autres protagonistes de l’affaire, à l’effet de trouver un dénouement salutaire à cette requête. Mais contre toute attente, aucune suite n’a plus été donnée au dossier. Selon des indiscrétions, les dirigeantes de la section auraient refusé de s’asseoir sur la même table pour discuter avec cette « vielle femme ». Une opposition interprétée à Zoétélé comme un véritable pied de nez au président national, qui voit ainsi ses injonctions foulées au pied par des soit disant responsables politiques, peu soucieux de la discipline et de la sérénité au sein du parti, et uniquement préoccupés par leurs intérêts personnels.

Morts suspectes

Parallèlement à cette démarche politique, les autorités administratives et sécuritaires de la ville de Zoétélé ont dressé des rapports circonstanciés sur la situation des fraudes au renouvellement des bureaux des organes de base dans le Dja et Lobo 2. A la suite d’un point de presse qu’elle avait accordé aux médias le 19 décembre à Zoétélé, et au cours duquel elle interpellait Chantal Biya, Mme Ebanga avait été convoquée à la sous-préfecture des céans, où elle avait expliqué et déposé sa requête. Une requête qui selon toute vraisemblance a préoccupé les services de renseignements de la ville, au même titre que beaucoup d’autres ayant suivi les opérations de renouvellement.

Dans le microcosme politique de Zoétélé, ils sont nombreux à se demander à quoi auraient servi tous ces rapports pour que la météo politique du RDPC ne soit toujours pas normalisée. Plus grave, la situation bascule dans un détonant cocktail d’animosités où les militants se redoutent mutuellement. Au menu de cette animosité ambiante, des invectives, des suspicions, des altercations ouvertes et même des morts suspectes. Début janvier, Mme Zibi née Ngono Angèle, épouse du président sortant, candidat malheureux à la présidence de la section, rendait l’âme à la suite d’une courte maladie qualifiée de mystérieuse par de nombreux observateurs.

Dans la foulée, sa fille, Ngono Angèle, suivait la même trajectoire tragique. Ensuite, c’est le jeune Ekoutou Martin qui décédait après avoir bu une tasse de bouillie de maïs dans un « tournedos » à Nkoumadjap. Des tragédies qui viennent s’ajouter à une avalanche d’agressions qui avaient suivi les opérations de vote et la valse de revendications qui les avaient accompagnées. Suivant une plainte déposée au commissariat de Zoétélé le 18 novembre 2015, ikolo Emmanuel Giresse dénonçait une tentative d’assassinat dont il était victime le 15 novembre de la part de quelques personnes étiquetées comme des proches de Papy Owoutou, président élu de la section OJRDPC. Le même jour 18 novembre, Elong Abessolo saisissait le Commandant de brigade de Zoétélé d’une plainte pour violation de domicile et agression.

En effet, alors qu’il dormait dans la nuit du 15 au 16 novembre aux environs de 2h de la nuit, ce proche d’Essama Marc Phirmin, candidat malheureux à la présidence de la section OJRDPC, dont la liste avait été disqualifiée à la veille du scrutin, avait reçu à son domicile de Ngolbang la visite inopinée de 2 individus gargouillés qui l’ont sévèrement violenté. Pour la plupart, les victimes se recrutent parmi les malheureux perdants de l’opération de renouvellement des bureaux des organes de base. Un indicateur des auteurs de ces déconvenues ? Des accusations de ce genre sont désormais légion dans l’environnement politique à Zoétélé depuis que des courants récriminatoires s’élèvent contre les fraudes massives qui ont entouré l’élection de nouveaux dirigeants de base du parti au pouvoir. Dans notre publication du 21 décembre 2015, quelques responsables du RDPC dénonçaient pour s’en offusquer, la dérive qui avait guidé les opérations.

A l’instar de Zomo Georgien Mistral, ancien conseiller municipal de Zoétélé, pour qui « Ceux qui parlent au nom du RDPC à Zoétélé sont entrain de gâter le parti » ; ou encore Stéphan Belinga, le vice-président de la liste déchue à la présidence de l’OJRDP qui interpellait le président national en ces termes : « Nous disons seulement au président de sanctionner ceux qui ont fait le mauvais travail ». Et que dire de l’appréhension de Pauline Mengue Nkili, ancienne présidente de la section OFRDPC du Dja et Lobo 2, qui s’indignait du déroulement de opérations de renouvellement : « Quand je pense à ce qui s’est passé à Zoétélé, j’ai la nausée (…) Je souhaiterais que le président national prête une attention particulière au parti. J’ai l’impression que le parti est abandonné à lui-même ; chacun fait ce qu’il veut.

Que le président national prenne ses responsabilités. C’est quand même lui le président national. Chacun fait ce qu’il veut dans le RDPC, ce n’est plus un parti ça. C’est le désordre ». Suffisant pour justifier la pertinence de l’obstination de ceux qui interpellent Paul Biya, le président national du RDPC, à trancher dans le vif. Faute de quoi, l’installation annoncée des responsables déclarés élus pourrait s’avérer une véritable poudrière déstabilisatrice pour le RDPC à Zoétélé.

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