Seydou Kane, bloqué en France
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Impliqué dans l’«affaire Mark, l’homme d’affaires sénégalo-malien a été mis en examen, son passeport confisqué et il lui est interdit de quitter le territoire français, à moins de verser un cautionnement judiciaire de 1,3 milliard de francs CFA.

L’«affaire Mark» suit son cours dans l’Hexagone avec la mise en examen, en fin de semaine dernière, de Seydou Kane, pour «corruption d’agent public étranger, abus de bien social, blanchiment en bande organisée, recel, faux et usage de faux», rapporte le quotidien français Le Monde. L’homme d’affaires sénégalo-malien installé à Libreville, avait été auparavant interpellé à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le 18 novembre dernier, avant d’être placé en garde à vue. Un moindre mal pour Seydou Kane qui aurait pu être en prison si le juge Roger Le Loire, du tribunal de Nanterre, avait suivi le réquisitoire du procureur. En effet, à la fin de sa garde-à-vue, le parquet avait demandé à ce qu’il soit placé en détention provisoire en raison des indices graves et concordants collectés par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIFF). Heureusement pour Seydou Kane, le magistrat instructeur n’a pas suivi le réquisitoire du ministère public. L’homme d’affaire est finalement ressorti de sa garde à vue, sous contrôle judiciaire.

S’il est connu pour avoir trois nationalités (sénégalaise, malienne et gabonaise), l’homme d’affaires qui battait pavillon sénégalais au moment de sa mise aux arrêts à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, s’est vu confisquer son passeport tandis qu’il a reçu l’interdiction de quitter le territoire français, à moins de verser un cautionnement judiciaire de 2 millions d’euros, soit 1,3 milliard de francs CFA. Pour rappel, ce développement intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 7 août pour «corruption active et passive d’agents étrangers, abus de bien social, blanchiment, recel, faux et usage de faux» et confiée au juge Roger Le Loire, lequel instruit aussi l’affaire dite des «biens mal acquis». Si d’aucuns y voient de l’acharnement, Seydou Kane apparaît cependant comme un personnage clé dans cette enquête en raison de sa connaissance des circuits financiers utilisés par Maixent Accrombessi, directeur de cabinet du président Ali Bongo, lui aussi placé en garde à vue à Nanterre, début août dernier, dans le cadre de la même affaire. En mission pour la présidence gabonaise au moment de cette interpellation et donc bénéficiant d’une immunité diplomatique, le «Dir-cab» du président avait très vite été libéré.

Pour rappel, la justice française enquête sur des supposées pratiques douteuses entre le Gabon et le groupe français Mark, spécialisée dans la confection d’uniformes militaires. La société est accusée d’avoir versé des pots-de-vin à Maixent Accrombessi et à ses proches pour obtenir un contrat de 7 millions d’euros avec le Gabon datant de la fin de l’année 2005. Ce qui pourrait laisser penser à des versements de commissions illégales. En tout, les six virements émis par Marck après la signature du contrat avoisinent les 2 millions d’euros. Le 7 juin 2006, un virement supplémentaire de plus de 300 000 euros était émis par Marck vers un compte à Monaco de la société gabonaise, CITP, gérée par Seydou Kane.

«Il y a comme un acharnement de la France contre le pouvoir gabonais», notait récemment sur Gabonreview un journaliste à la retraite qui rappelait la séquestration, en avril dernier, du Boeing 777 du président de la République gabonaise par les autorités judiciaires françaises ; les écoutes et retranscriptions, de juillet 2013 à octobre 2014, par la police française, des conversations entre Ali Bongo et Michel Tomi ; la traque en France par des magistrats anticorruption et les policiers de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), des acquisitions en tout genre de la famille Bongo, et la fouille «anti-diplomatique» de certaines personnalités gabonaises proches du pouvoir, à l’instar du secrétaire général de la Présidence ou d’un membre du cabinet de la Première dame du Gabon, dernièrement fouillés à la loupe dans des aéroports français. Quel message veut-on donc envoyer à Libreville ?

© gabonreview.com : Stevie Mounombou

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