Yaoundé – Bamenda : Comme un air de punition pour les « opposants »
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La « route de la réunification du Cameroun » est un vrai parcours de combattant.

Parti de Yaoundé, le voyageur non averti qui se rend à Bamenda, chef-lieu de la région du Nord Ouest, situé à 370km de la capitale politique, ne s’imagine pas ce qui l’attend. Jusqu’à Ebebda, dans la Lékié, il a le privilège de rouler sur un beau bitume, refait il y a juste deux ans. Malgré le comportement redoutable des chauffeurs de camions de sable qui fait de ce tronçon l’un des plus meurtriers du réseau national, la route est sans secousse. Il n’en sera pas de même après la traversée de la Sanaga. La route à deux voies, faite au milieu des années 80, qui vous conduit d’Ebebda à Bandjoun, est parsemée de nids de poule.

Entre Bafia et Ndikinimeki, il y en avait tellement il y a trois ans que les moins rationnels se laissaient convaincre de la colère des esprits le long de cet axe. Suite à des travaux ponctuels, les trous ont été fermés, même si d’autres réapparaissent. Sur le tronçon Tonga – Bandjoun, les travaux n’avaient pas été achevés. De sources dignes de foi, une dernière couche de bitume devait y être posée après une phase d’observation aujourd’hui largement dépassée. Il s’en est suivi des crevasses à n’en plus finir, au point où un point de rupture s’est créé à Bangangté, entre le pont de Batela et le carrefour Mandja. Ce tronçon entièrement refait de 5km apparaît aujourd’hui comme le meilleur de la nationale n°4, dans sa partie qui traverse la région de l’Ouest.

Ancien goudron

Entre Tonga et Batela puis du carrefour Caplande à l’échangeur de Bandjoun donc, il faut se frayer une voie entre les trous qui se multiplient, y compris à l’entrée des ponts. Sur une route aussi importante, les autorités de Bandjoun font souvent remplir les crevasses par la terre. Par temps de soleil, elle réduit la profondeur du choc mais elle se transforme en boue dès les premières gouttes de pluie. Que de roues éclatées ici en un an ! Une lueur réapparait entre Bandjoun et Bafoussam, puis de la sortie de Bafoussam à Babadjou. L’entreprise Razel y a fait des travaux de réhabilitation appréciés.

Mais pour les travaux, il fallait de source officielle 130 milliards de francs. Le gouvernement n’en a trouvé que 30. Et dès que le montant a été épuisé, les travaux se sont arrêtés, sans qu’on ait même pris la peine de prévenir les futures conséquences des eaux de ruissellement. Le jeudi 20 août, le préfet des Bamboutos a passé sa journée à régler la circulation, au point d’arrêt des travaux, une distance décapée de moins de 2km. Le règne est celui des motos. De Babadjou à Bamenda, sur ce qu’on appelle affectueusement l’« ancien goudron », soit une distance de 60km, le mot calvaire est insuffisant pour qualifier les souffrances qu’on fait subir à son arrière-train. Tous les 2km, des camions en panne sont garés. Les chauffeurs des petites voitures s’échignent à changer les pneus de leurs engins, crevés par le choc des trous. L’entretien manuel des villageois, qui prend des allures de péage, n’y fait rien.

A Kombou, à la lisière avec Santa, première ville du Nord Ouest anglophone, la longue descente caillouteuse ne connaît de palliatif ni en saison sèche ni en saison des pluies. Il faut plus de 2h pour parcourir un tronçon qui, normalement dans cette zone de montagne, n’aurait pris qu’une. « A défaut d’une route qui rattache Bamenda directement à Kumba dans le Sud Ouest, ce qui oblige tous les ressortissants du Nord Ouest profond à traverser trois régions pour rendre visite aux leurs, on aurait au moins pris la peine d’entretenir cette route qui assure le lien entre les deux anciennes entités du Cameroun. Dans les mêmes conditions ailleurs, ce sont des autoroutes qu’on construit », commente Ben N’diaye, le rédacteur-en-chef du régional Ouest Echos. A Biyem Assi, Mimbomam, Carrière, Tongolo, ... c’est par milliers que les gens voyagent tous les jours.

Même si pour les 370km par temps clair, il faut un minimum de 8h. Habitués à voyager de nuit pour éviter de « perdre toute une journée dans le voyage », les ressortissants de l’Ouest et du Nord Ouest y mettent le temps de finir un voyage outre Atlantique.  

© Source : Le Jour

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