Attentat suicide : Ce qui s’est passé à Maroua
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Dimanche, dans la localité de Balaza, arrondissement de Maroua 3eme, à 23 Km du centre-ville de Maroua, une dizaine d’hommes lourdement armés, selon les policiers du Gmi n°10 de Maroua, ont attaqué un poste de contrôle de la police. Au cours de cette attaque, les terroristes ont emporté deux motos et des armes appartenant aux policiers. Informés, des éléments de la police aidés par des soldats du Bir se sont lancés aux trousses des assaillants. D’après le commandant du Gmi de Maroua que nous avons eu au téléphone, un membre de Boko haram a été tué et la chasse se poursuit.

La ville de Maroua a été encore le théâtre d’un attentat suicide samedi 25 juillet à 19h 38min, au lieudit « Pont vert » à Domayo. Une adolescente d’environ 16 ans a fait exploser sa charge à l’entrée principale de ce quartier, très fréquenté par les consommateurs du bil-bil et les vendeurs de fruits et autres restaurateurs et « tourne dos ». Selon le bilan officiel encore provisoire, 21 personnes sont mortes, 85 blessés dont neuf dans un état grave. Les équipes des sapeurs-pompiers ainsi que des éléments de l’armée et de la police se sont déployés sur le lieu du drame. Le commandant des sapeurs-pompiers, le sous-lieutenant Ndinga parle de carnage sans précédent.

« Nous avons 21 morts et plusieurs blessés. Il s’agit du bilan consolidé. Nos équipes continuent de travailler pour retrouver des parties de corps de victimes déchiquetés par la déflagration », a-t-il affirmé. Selon lui, le lieu de l’attentat est sécurisé depuis samedi soir par ses hommes aidés par les éléments de la police. D’après plusieurs témoignages, l’adolescente était inconnue dans le quartier. Son corps sans tête a été retrouvé. Elle portait un pagne d’une grande valeur a-t-on appris. Des coups de feu ont retenti juste quelques instants après l’explosion. Il nous a été révélé par des militaires que des complices de la kamikaze étaient à bord de moto (trois personnes). Ces derniers auraient essuyé les tirs des forces de sécurité mais réussiront à s’échapper.

Joint au téléphone par le Jour, le maire de la commune de Maroua 1er qui s’est rendu sur le lieu du drame quelques minutes après les attentats a lancé un appel à la solidarité nationale et la collaboration franche de la part des populations de la ville de Maroua avec les forces de défense et de sécurité : « C'est avec une consternation sans mesure que nous assistons à cet autre attentat suicide dans notre ville. Nos compatriotes y ont laissé la vie, de nombreux blessés sont internés à l’hôpital ».

Les propriétaires des maisons appelés à la rescousse

« A la population de Maroua, je vous sais braves et vous convie à redoubler de prudence et de vigilance. Nous ne cèderons pas à cet ennemi lâche et barbare », affirme Hamidou Hamadou, le maire de Maroua 1er. Le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord qui s’est rendu sur le lieu du drame dimanche matin ainsi qu’à l’hôpital régional de Maroua où sont internés les blessés, a appelé les populations au calme et à collaborer avec les forces de défense et de sécurité. « Nous faisons face à un ennemi invisible. La collaboration des populations est primordiale. Je suis sans voix et triste pour ce qui nous arrive. Nous devons avoir foi en notre gouvernement », a affirmé Midjiyawa Bakari.

Samedi soir, il a eu une réunion de crise avec les chefs de la police et de l’armée. Midjiyawa Bakari a annoncé un certain nombre de mesures qui sont entrées en application depuis hier, dimanche, dans la ville de Maroua et l’ensemble de la région de l’Extrême-Nord. « Nous avons instruit aux bailleurs de déclarer leurs locataires, les djaoros de faire l’identification de tous les étrangers, les écoles coraniques de leurs quartiers. Les enseignants, les apprenants et les imams de toutes mosquées ainsi que les églises doivent être connus de nous », a-t-il expliqué. Selon lui, les débits de boissons, restaurants, tourne dos et autres lieux de regroupement ferment dorénavant à 18 heures. Hier dimanche, le lamido de Maroua a réuni les maires, les députés, les sénateurs ainsi que les chefs traditionnels de 3éme degré de la ville. Il leur a été demandé de fournir dans les brefs délais des fiches de renseignements sur les écoles coraniques, les mosquées et tous les apprenants de ces écoles. Le maire de la commune de Maroua a immédiatement mis à la disposition des chefs traditionnels de son arrondissement 40 registres pour l’identification de tous les étrangers, les imams et les apprenants des écoles coraniques.

Blessés abandonnés à eux-mêmes

A l’hôpital régional de Maroua, les mesures de sécurité ont été renforcées. Des éléments de l’armée ainsi que des gendarmes ont investi la structure sanitaire. « J’ai mon petit frère et mon époux parmi les blessés. Je n’ai pas accès à eux depuis samedi soir. On me demande d’aller prendre une autorisation chez le gouverneur », se lamente Clémentine Daipa, une habitante du quartier Congoré, non loin du pont vert. Les blessés de l’attentat internés à l’hôpital régional sont abandonnés à leur sort. Ni eau, encore moins à manger. « Depuis que je suis arrivé ici, j’ai pas mangé. Je ne reçois que les injections. On ne veut pas me laisser sortir », s’est plaint Moumassou, l’un des blessés. Selon lui, les blessés ne reçoivent que des médicaments. Le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Maroua, ainsi que les 3 maires des communes d’arrondissement ont remis la somme de 400.000FCFA au délégué régional de la Santé pour l’Extrême-Nord en vue de l’alimentation des blessés internés à l’hôpital régional.

D’après les élus municipaux de Maroua, la dite somme va permettre provisoirement aux responsables de l’hôpital d’alimenter les blessés. Samedi dernier, un suspect ayant voulu enlever une fillette de 12 ans au quartier Pitoaré a été arrêté par les populations. Inconnu des populations du quartier, il a été conduit au groupement mobile d’intervention par les parents et le voisinage. Il aurait échappé aux policiers du Gmi n° 10 de Maroua. « Nous somme repartis ce dimanche pour avoir la suite et déposer plainte comme les responsables de la police nous ont demandé. On était surpris lorsqu’ils nous ont fait savoir que notre suspect s’est enfui » a confié un parent de la fillette. Depuis hier dimanche les forces de défense ont lancé l’opération chasse à l’homme dans toute la ville de Maroua. La peur et la psychose règnent.

© Le Jour : Adolarc Lamissia

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