Kondengui : La Prison sans eau
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Seuls deux quartiers sur 14 sont alimentés en eau potable depuis plus de six mois.

Narcisse est heureux ce 19 mai 2015. Plus d’une semaine après avoir pris son dernier bain, il a pu en prendre un nouveau cette fin de matinée. Après la fouille, déclare-t-il «j’ai acheté un seau d’eau et j’ai pris mon bain. Ce n’était pas évident», souligne le détenu. Incarcéré à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis sept mois, le trentenaire a pu constater que l’eau est une denrée rare dans cette maison d’arrêt. «Il est aisé pour un codétenu de t’offrir à manger, que de te donner de l’eau à boire ou à utiliser», rapporte-t-il.

Ceux qui ont la possibilité d’en avoir la revendent aux moins pourvus. «Pour avoir un seau d’eau de dix litres, il faut débourser 100 Fcfa», confie un autre détenu. Les bagnards on rebaptisé cet argent, la cale. La cale parce que certaines personnes monnaient au prix de 50 Fcfa, pour avoir un seau d’eau. Des négociations qui ne portent pas de fruits. Les revendeurs restent insensibles. Il faut donner le montant recta. C’est la règle. Elle s’applique à tous. «Cette fameuse règle est appliquée depuis six mois», apprend-on.  « Et les gardiens de prison sont informés de la situation», assure-t-on ; dans le pénitencier. «Ils ne font rien pour améliorer notre situation», ajoute Narcisse. Du côté de la hiérarchie, les accusations ne sont ni confirmées, ni rejetées.

Rationnement

Toutefois, un responsable de la prison explique que cette sécheresse de robinets n’est pas de leur ressort. De plus, «tous les quartiers de la prison ne sont pas touchés par ce manque d’eau. La situation concerne uniquement une partie de la prison. Il n’y a pas de quoi s’alarmer vu qu’à l’extérieur, les robinets sont également secs. Ce n’est pas un scoop. Il faut s’adresser à la Camerounaise des eaux (Cde)», conseille-t-il. Des 14 quartiers que compte la prison, seuls deux ont de l’eau. Il s’agit des quartiers des mineurs et celui des femmes. Les résidents se ravitaillent grâce aux forages. Les robinets restent secs. L’eau coule de 2 heures à 2h30. Et ce, au compte-gouttes.

A la Cde, société en charge de la production et de la distribution de l’eau potable, le responsable de Yaoundé et ses agglomérations, justifie la sécheresse des robinets de la prison par la difficulté de la Cde à couvrir la demande en eau à Yaoundé qui est de 300 mille m3 d’eau par jour. Or, en l’état actuel, «on reçoit 140 à 150 mille  m3  par jour. La centrale d’Akom-Nyada envoie 10 mille m3 d’eau, et celle de Nkolbisson, 50 mille», explique-t-il

En sus, «lorsqu’il y a coupure d’électricité, le rationnement en eau s’assoupit. Yaoundé reçoit 10 mille m3 d’eau». Ce rationnement est dispatché dans tous les quartiers qui ont des installations d’eau ; Kondengui y compris. «La prison n’a pas des installations particulières pour être approvisionnée de manière spéciale. Avant, il y avait des coupures d’eau deux fois par semaine. Aujourd’hui, la Cde s’est arrangée à ravitailler la prison tous les jours», même si c’est pour 30 minutes.

© Mutations : Nadine Ndjomo

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