Cameroun,Hilaire Kamga. Le porte-parole de l’Offre Orange critique la visite de la secrétaire générale de l’Oif, Michaëlle Jean au siège d’Elecam.
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Cameroun,Hilaire Kamga. Le porte-parole de l’Offre Orange critique la visite de la secrétaire générale de l’Oif, Michaëlle Jean au siège d’Elecam. :: CAMEROON

En visite au Cameroun, la secrétaire générale de l’Oif, Michaëlle Jean s’est rendue au siège d’Elecam et elle a salué l’indépendance de cette institution et la compétence dont jouissent ses membres. Etes-vous d’accord avec elle ? 

Je salue d’abord son élection à la tête de l’OIF . Comment pourrais-je être d’accord avec Mme MIchaelle Jean sur une affirmation aussi mensongère et pour le moins irresponsable ? Parce qu’il s’agit justement de la SG de la Francophonie et donc qui à priori maitrise la langue française, l’on ne saurait ne pas accorder leurs poids aux mots français utilisés. Ce déplacement au siège d’Elecam a été pour moi l’étape de trop dans cette mission qui pourtant était à saluer. En se rendant dans une institution au leadership bicéphale auto-neutralisant, en pleine crise ouverte entre le Directeur Général des Elections et le Conseil Electoral d’Elecam, cette dame a montré qu’elle n’avait pas encore étudié le dossier « élection au Cameroun » et qu’elle n’en maitrise pour l’instant RIEN. Il est souhaité qu’elle se rattrape plus tard et ne commette pas les mêmes erreurs dans d’autres pays qu’elle aura à visiter, et que pour le Cameroun , elle revoie clairement le dossier et ne donne qu’un jugement avisé dès lors que nous attendons beaucoup de cette institution qu’est l’OIF.

Pensez-vous que la certification des élections au Cameroun par les observateurs de l’Oif est crédible ? 

Je n’arrive pas à comprendre cette légèreté avec laquelle elle salue l’indépendance d’Elecam et la compétence de ses membres. Est-ce que la compétence avérée de quelques membres du Conseil Electoral et de son président fonde de manière suffisante la compétence de l’Institution Elecam ? Non ! 
Il est évident qu’avant l’arrivée de Michaele Jean, l’OIF s’est souvent illustrée par une certaine légèreté dans la conduite de ses missions d’observation notamment au cours des année 1995-2005 où certains rapports quasi orientés des missions d’Observation de l’OIF ont été utilisés pour conforter des dictatures en place dans certains pays africains où des véritables coups d’Etat électoraux venaient de se dérouler. Cette nouvelle posture de Michaele Jean qui semble ne pas s’encombrer des éléments empiriques nous amène à douter de la crédibilité des certifications de futures missions d’observation électorale de la Francophonie si des ajustements visibles ne sont pas apportés à leur démarche..

Quels sont les griefs que vous faites à Elecam ? 

Les griefs sont de plusieurs ordres et j’ai déjà eu à argumenter à ce sujet depuis plusieurs années. Mais la situation s’amplifie et Elecam risque enfin de compte constituer un élément déterminant dans la validation des coups d’Etat électoraux au Cameroun.
En ce moment, Elecam a un directeur général qui s’accapare de tous les pouvoirs, qui défie le Conseil Electoral, qui viole de manière récurrente la loi électorale, qui s’illustre par son incompétence et qui au final annihile toute possibilité de fonctionnement normal de cet organe de gestion des élections. Ce bicéphalisme de fait constitue le premier frein à la crédibilité d’Elecam. Je rappelle que conformément à l’article 26 du code électoral d’Avril 2012, il revient à la direction générale d’Elecam d’assurer l’organisation matérielle des élections, bien sûr sous la « supervision» du Conseil Electoral. Or voyez-vous Elecam a organisé deux scrutins directs (présidentielle de 2011 et élections couplées de 2013) qui, bien qu’appréciés par des acteurs d’horizons divers sont nuls au regard du droit électoral. En effet, les principaux éléments de validation technique d’une élection échappent encore à Elecam. Le directeur Général qui organise les élections n’est toujours pas capable de fournir le nombre d’électeurs inscrits au moment de la tenue des élections couplées. Or cette donnée est centrale pour valider techniquement une élection du point de vue juridique.
Par ailleurs, Elecam n’a pas cru devoir accepter de doter le Cameroun d’une véritable biométrie intégrale comme nous le réclamons depuis plus de 10 ans. Au niveau de la qualité du personnel électoral, le processus de recrutement clientéliste et mafieux conduit à avoir dans bien de cas essentiellement des personnes non qualifiées qui assurent la gestion des élections à la Base.
De même, le fait que la loi électorale offre au Directeur Général des élections une possibilité de « veto» de fait sur les décisions du Conseil Electoral est l’handicap majeur inséré dans la loi expressément pour éventuellement dépouiller ce Conseil de toute possibilité juridique de bloquer les actions jugées inappropriées du DG des élections. C’est dommage que des membres du Conseil électoral minimisent autant cette donnée juridique fondamentale et ne reviennent sur terre que lorsqu’ils s’en trouvent confrontées comme c’est le cas actuellement avec le blocage des nominations des délégués régionaux.
En définitive, il faut avouer que le peuple camerounais a été dupé par la création de cette structure que j’appelle le MINATD Bis et qui ne pourra jamais, malgré la détermination à saluer d’un Fonkam Azuu, faire le travail que l’on attendait de la CENI.

Que manque-t-il pour faire des élections juste et transparentes au Cameroun ? 

C’est la bonne question car il n’y aura jamais d’élections justes LIBRES et Transparentes au Cameroun avec ce construit juridique incongrus, empreint d’hérésie manifeste que l’on a pompeusement appelé code  électoral en avril 2012. E clair il faut doter le Cameroun d’un véritable code électoral ayant acquis le consensus nécessaire émanant d’une large consultation populaire. Il ne s’agit pas de faire un rafistolage comme certains acteurs politiques pourtant outillés le proposent, mais d’un véritable débat national sur l’encadrement juridique des élections. De ce débat en découlera un code électoral véritablement consensuel et un organe de Gestion des élections véritablement crédible. Dans tous les cas de figurent il faut absolument que le RDPC ou tout autre parti politique ne soit pas à la manœuvre du processus électoral. C’est à ce prix et à ce prix seulement que nous pourrons éviter les conflits post électoraux aux conséquences apocalyptiques que pourraient pourrait connaitre à l’horizon 2018.

© Le Jour : Propos recueillis par J-B. T.

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