Francophonie : Des politiques dénoncent le soutien à Elecam
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La visite de la secrétaire générale de l’Oif, Michaëlle Jean à Elections Cameroon et le satisfécit qu’elle a accordé à l’équipe de Fonkam Azu’u a choqué certains opposants.

La visite de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) au Cameroun a pris fin hier. Michaëlle Jean a quitté Yaoundé à destination de Paris au terme d’un séjour de quatre jours en terre camerounaise. Après un déjeuner d’Etat offert en son honneur par le président Paul Biya et son épouse le 14 avril, elle a rendu une visite de courtoisie au Premier ministre, puis a été, entre autres, à Elecam, à l’université de Yaoundé I où elle s’est vue décerner un doctorat honoris causa, ainsi qu’à l’Iric où elle a animé une conférence.

A l’heure du bilan du séjour de Michaëlle Jean au Cameroun, les avis divergent. Si du côté du gouvernement on se satisfait d’une visite riche, certains observateurs se montrent plus critiques. Ils parlent de « folklore », d’une visite au cours de laquelle il y a eu finalement beaucoup de bruits pour pas grand-chose. C’est que beaucoup estiment que la secrétaire générale de l’Oif, tout au long de son séjour camerounais n’a pas évoqué les sujets qui intéressent de nombreux Camerounais. « Elle est juste venue prendre des honneurs, analyse un enseignant de l’université de Yaoundé II. Il y a deux questions qu’on doit se poser : qu’est-ce qu’elle est venue faire et qu’est-ce que son séjour va nous apporter. Elle n’a rien dit sur les élections, n’a rien dit sur la durée des mandats au Cameroun, n’a rien dit sur la corruption, n’a rien dit sur le chômage des jeunes et sur l’insécurité. Elle n’a rien dit sur nos vrais problèmes. Quel sens peut-on donner à son séjour ici ? Aucun. Diouf osait des discours sur la démocratie et même sur l’alternance. On n’a rien entendu de ce genre venant de Mme Michaëlle Jean. »

Cet avis est partagé par Franck Essi, le secrétaire général du Cpp. « Le faste et la couverture qui ont accompagné la visite de Michaëlle Jean ne sont certainement pas proportionnels à ce que la francophonie nous apporte au quotidien dans la résolution de nos problèmes, dit-il. Ce faste traduit une fois de plus l’extraversion mentale de ceux qui nous dirigent. Il illustre la primauté systématiquement accordée aux instances occidentales comparativement aux institutions et évènements africains. C’est dommage. D’autant plus que la francophonie participe d’un jeu qui ne sert pas nos intérêts fondamentaux. »

Au cours de sa visite au siège d’Elecam, la secrétaire générale de l’Oif s’est dite satisfaite par le travail de cet organe en charge du processus électoral au Cameroun. Toute chose qui a fait bondir certains hommes politiques de l’opposition. Eux qui n’ont de cesse de dénoncer une institution « peu crédible ». Pour Sosthène Médard Lipot, cadre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Michaëlle Jean est venue légitimer Elecam. « N’oublions pas qu’elle a bénéficié de la voix du Cameroun pour être portée au poste de secrétaire générale de l’Oif, avance-t-il. Il y a donc de sa part comme une forme de retour d’ascenseur. Mais c’est mauvais. Michaëlle Jean joue le jeu du régime de Yaoundé. Elecam n’est pas du tout crédible. Cette institution prétend avoir organisé des élections avec la biométrie au Cameroun. C’est faux. Vous avez vu la vraie biométrie au Nigéria. Elecam n’est pas un organe indépendant. Il y a de gros problèmes de démocratie dans ce pays et on aurait aimé entendre cette dame en parler. »

Pour sa part, Franck Essi estime que Elecam ne mérite pas les félicitations de la secrétaire générale de l’Oif. « Nous savons en tant que Camerounais que notre processus électoral est très loin de satisfaire aux normes de transparence, d’impartialité et d’équité, observe-til. L’exemple du voisin nigérian vient encore nous rappeler que sur le bulletin unique et la biométrie intégrale, le gouvernement et Elecam font preuve de mauvaise foi. Dès lors, en plus de participer à légitimer des processus électoraux bancals, la Francophonie ne peut échapper à la critique d’être l’un des instruments de domination culturelle et politique de la France sur les pays africains. Le moins qu’on puisse faire est de ne pas lui accorder plus d’importance que le principe de réalisme politique nous oblige à avoir. C’est en revitalisant nos propres organisations et institutions que nous pourrons espérer nous développer en tant que Camerounais et Africains. »

© Le Jour : Jean-Bruno Tagne

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