Afrique du Sud : les violences xénophobes se multiplient
AFRIQUE DU SUD :: SOCIETE

Afrique du Sud : les violences xénophobes se multiplient :: SOUTH AFRICA

Depuis deux semaines en Afrique du Sud, des ressortissants étrangers installés dans la ville de Durban, en majorité des Africains, sont la cible d’attaques répétées.

Plusieurs dizaines de commerces tenus par des Somaliens ont été pillés lundi 13 avril. Le gouvernement a appelé à l’arret de ces violences dont le bilan n’a toujours pas été communiqué. La police parle de quatre morts, et la municipalité de Durban a déployé des tentes pour abriter un millier de personnes qui ont fui les violences.

Josaphate Ciza fait partie des victimes. Comme plus d'un millier d'immigrants attaqués depuis deux semaines à Durban, elle n'a plus rien, ni toit ni avenir. Avant les attaques, cette Congolaise se débrouillait en faisant du « salon coiffure », gagnant de quoi louer une chambre.
 
« Il y a des gens qui sont venus avec des bâtons et des couteaux », raconte-t-elle au camp d'Isipingo où la fondation musulmane Al-Imdaad assiste plus de 300 étrangers pourchassés, tous Africains. Secourue par la police sud-africaine, Josaphate Ciza a passé trois jours au commissariat avec de nombreux compatriotes congolais avant d'être amenée au camp.
 
« J'ai fui la guerre et je me retrouve encore dans la guerre », ajoute cette femme de 29 ans, arrivée de Bukavu (République démocratique du Congo) en mars 2014, un gros poupon de six mois dans les bras. L'enfant tousse beaucoup et elle s'inquiète. Son logement est déjà reloué par le propriétaire : « Ici, j'avais mon frère. Il est réparateur frigoriste mais on lui a tout pillé et je me demande comment je vais vivre. »
 
Sur place, au camp d’Isipingo, beaucoup d'interlocuteurs zoulous répètent aux journalistes étrangers que « ce n'est pas de la xénophobie », et préfèrent parler de simples « affrontements entre noirs » dans une province qui a connu une quasi-guerre civile attisée par le pouvoir blanc au début des années 1990, alors que l'apartheid s'effondrait.
« En partie, c’est de la jalousie »
 
En 2008, il y avait eu 62 morts, dont une vingtaine de Sud-Africains pris dans les violences, et des dizaines de milliers de déplacés. « Il n'y a pas juste une seule raison à ça. En partie, c'est la haine de l'étranger, surtout Africain. En partie c'est de la jalousie », croit savoir Ali Abdi, un vendeur de vêtements somalien de 38 ans, venu s'approvisionner chez un grossiste du centre-ville. Contrairement à Josaphate, il habite l'Afrique du Sud depuis 1996 et a un permis de résidence en règle.
 
« J'étais en train de réparer des téléphones dans mon shop », raconte Roger Kitondika, un autre Congolais, en montrant un magasin du centre au rideau baissé. « Ils sont venus avec des armes, des machettes, des couteaux », ajoute-t-il en dénonçant l'inaction de la police.
 
Fondé ou non, ce sentiment que la police locale laisse faire alimente la colère, voire l'esprit de vengeance.
 
L'Afrique du Sud, pays le plus industrialisé du continent, fait figure d'eldorado ou de refuge aux yeux de nombreux immigrants africains. Pourtant, la pauvreté reste endémique, le chômage chronique et les frustrations énormes parmi la majorité noire, systématiquement brimée par la minorité blanche jusqu'en 1994.
 
Les attaques xénophobes actuelles ont démarré après les propos du roi zoulou Goodwill Zwelithini – la plus haute autorité traditionnelle de la province du Kwazulu Natal – appelant les étrangers à faire leurs bagages et rentrer chez eux.

© Source : lemonde.fr

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo