Le député Peter WILLIAM MANDIO dénonce : « Nos compatriotes avaient tort de s’attaquer à la France… »
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Cameroun :: Le Député Peter William Mandio Dénonce : « Nos Compatriotes Avaient Tort De S’attaquer À La France… » :: Cameroon

Dans cette interview qu’il nous a accordée, le député RDPC du MBAM et INOUBOU profite de la polémique née de la récente marche de Yaoundé et de la controverse autour de la commercialisation de l’huile végétale « JADIDA » pour donner son avis. Lisez …

Certains de vos confrères de la presse viennent d’organiser à Yaoundé une grande marche de soutien aux forces de défense engagées dans la lutte contre BOKO HARAM. Comment avez-vous trouvé l’initiative ?
Marcher pour soutenir une brave armée comme la nôtre est une initiative louable. Mais j’étais très amusé par le théâtre de Yaoundé.  Cette marche a été inspirée, planifiée et financée par certains sécurocrates en perte de vitesse qui tenaient à se faire légitimer auprès du Chef de l’Etat. Ces mêmes journalistes n’ont jamais organisé une marche pour défendre leurs intérêts corporatistes ou leurs membres en difficulté. Mobiliser 20.000 âmes dont la moitié était des hommes en tenue dans une capitale politique pro-BIYA et pro-RDPC après une sur médiatisation de l’évènement est un échec patent. La marche de Bafoussam a réuni plus de monde avec peu de moyens.

Comment expliquer cette tiédeur dans l’engagement des Camerounais ?
Cette attitude, j’allais dire ce rejet du projet de marche trouve sa justification dans la maturité politique du peuple Camerounais. Le peuple n’est plus manipulable. Autant il soutient sa brave et patriote armée, autant il a déjà identifié ses vrais leaders. Même si à l’observation il paraît terne, silencieux et anesthésié. Il fallait associer les forces de l’opposition et les leaders d’opinion crédibles. La réussite d’une manifestation de rue ne se décrète pas.

On a noté l’absence criarde des parlementaires et même du vice-premier Ministre, AMADOU ALI, pourtant grande élite de l’Extrême-Nord ?
Je ne suis pas le porte-parole des parlementaires. Quant au vice premier Ministre AMADOU ALI, il est celui qui a payé le plus lourd tribut de cette guerre. Je crois qu’il mérite un peu de paix. Sa présence aurait été une plus-value incalculable pour ce cinéma. Et je vous signale que des observateurs ont noté qu’aucun Ministre originaire du département du Mfoundi, encore moins le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, ni aucun Maire de la capitale politique où se déroulait cette « marche patriotique », n’était présent. Pourquoi ?

AU cours de cette manifestation, l’on a aussi noté des slogans anti-français. Comment expliquer cette antipathie contre la France qui déclare pourtant soutenir notre gouvernement dans cette guerre ?
Nos compatriotes avaient tort de s’attaquer à la France qui reste un partenaire privilégié du Cameroun. Je n’irai pas jusqu’à croire que les officiels Français ont été piégés par les organisateurs et leurs bailleurs de fonds. Je crois qu’il y a un contentieux historique avec la France qu’il faudra vider un jour. Depuis le déclenchement de la guerre contre BOKO HARAM certains médias et leaders d’opinion ont énormément travaillé à faire enfler ce sentiment de rejet violent de la France. C’est regrettable.

Certains compatriotes à l’instar de l’Honorable Jean Michel NINTCHEU estiment que la marche de Yaoundé visait à « tuer » la « semaine des martyrs ». Partagez-vous ce point de vue ?
Effectivement la coïncidence dans le choix de cette date peut laisser penser que les organisateurs de la marche de Yaoundé ont voulu banaliser voire gommer cette « semaine des martyrs ».  S’il est établi que certains jeunes ont perdu leurs vies lors des émeutes de Février 2008, le gouvernement devrait avoir l’humilité et la correction de soutenir ces familles éplorées. Cela participe de la détente et de la concorde nationale.

Honorable, l’autre actualité cette semaine a été le dénouement de la crise qui a opposé l’ANOR  à l’importateur de l’huile « JADIDA ». Les élus du peuple que vous êtes ont été plutôt absents devant ce débat qui implique quand même de gros intérêts économiques et surtout la santé des populations.
Je suis heureux de savoir que cette bataille portée sur la place publique, a connu un développement satisfaisant ces dernières heures. Parce que la crédibilité et les méthodes de travail de l’ANOR étaient fortement questionnées. Maintenant, je me pose la question de savoir si les intérêts du peuple sont préservés dans tout cet imbroglio.

Soyez plus clair…
il me semble que l’ANOR ne posait pas un problème de qualité de l’huile « JADIDA » mais plutôt de la publicité commerciale qui était menée par l’importateur. Il se devait de préciser que cette huile n’était pas destinée à la friture. Mais qu’elle était agréable pour l’assaisonnement et la cuisson. J’ai cru entendre que le MINSANTE, le MINCOMMERCE et la ligue nationale des consommateurs se sont accordés là dessus. Reste que l’importateur de l’huile « JADIDA » est victime d’une grosse mafia des raffineurs locaux. Et ça, il faut le dénoncer pour rassurer les investisseurs.

Qu’est ce qui vous conforte dans cette thèse ?
Mes enquêtes m’ont révélé qu’en quelques mois de sa commercialisation, l’huile importée « JADIDA »  très prisée dans les ménages a raflé de grosses parts de marché détenues jusqu’ici par les raffineurs MAYOR et AZUR. Ce qui a déclenché le courroux des locaux et suscité toutes ces réactions désordonnées  que l’on a enregistré. En vérité, l’enjeu est dans la bataille qualité-prix.

On vous rétorquera que la qualité-prix est  pratiquée par les raffineurs locaux.
Ce n’est pas vrai. Je m’explique : en Malaisie, le bidon d’huile coûte 16 dollars c’est-à-dire que le litre revient à 448 FCFA. En y ajoutant 100 FCFA pour le contenant, 250 FCFA  pour les autres charges et 100 FCFA de bénéfice par bouteille, le litre devrait normalement revenir à 900 FCFA  au lieu de 1200 FCFA. Il est constant que les raffineurs locaux à l’instar de MAYOR, AZUR, STAR OIL et compagnie spolient le consommateur camerounais et réalisent de supers profits. C’est un scandale.

l’huile de palme produite localement par SOCAPALM et quelques planteurs n’a donc pas atténué la hausse des prix ?
je fais le même constat que vous et je m’interroge sur le patriotisme de nos Ministres. Localement, les raffineurs paient le bidon d’huile de palme à 6000 FCFA. Et le plus blâmable dans cette mafia, c’est qu’ils vendent une grande partie de l’huile végétale raffinée en vrac à raison de 1500 FCFA le litre et demie. Mais cette huile vendue en vrac est un véritable danger pour notre population.

Sur quoi repose cette dangerosité ?
le vrac vendu par MAYOR et AZUR est sans étiquettes sur les bouteilles, aucune date de péremption n’y est mentionnée. On ignore tout de son conditionnement, son transport et son origine. C’est très grave. Nos populations sont exposées à de multiples risques toxiques.

En tant qu’élu de la Nation que comptez-vous faire concrètement ?
Lors de la prochaine session parlementaire, je vais poser publiquement la question aux Ministres des finances, de la santé et du commerce. Je veux comprendre leurs motivations réelles. Il faut lever la mercuriale qui frappe l’importation de l’huile végétale raffinée et éviter que le monopole sauvage ne s’installe sur le marché. Je crois à l’industrie locale, respectueuse de la saine concurrence et des lois de la République. Si je ne suis pas entendu, je vais exiger l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les prix pratiqués par les raffineurs locaux et la vente de l’huile en vrac.

© La Nouvelle Expression : Propos recueillis par DAVID NOUWOU

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