Gouvernance : La république des comités et des programmes
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L’administration de notre pays est bondée des petites structures aux missions souvent imprécises, mais toujours budgétivores.

Il y a une constante dans les discours de Paul Biya ces deux dernières années. Il se plaint de l’inefficacité de son gouvernement. Tantôt, il décrie son incapacité à consommer le  Budget d’investissement public, tantôt il s’offusque de son train de vie princier. Dans ce dernier chapitre, Paul Biya demande à  ses ministres d’arrêter leur propension à créer les comités et les commissions dont la facture des prestations suscite la même inquiétude que les résultats, s’il en existe. Il est vrai, les experts en management le disent presqu’en choeur : les comités  et autres commissions sont efficaces dans l’atteinte de certains objectifs. Mais au Cameroun, leur dénomination à elle seule montre à suffire qu’il s’agit ni plus ni moins qu’une niche de dépenses.

Cellule d’appui à la maîtrise d’ouvrage du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga; comité interministériel sur la normalisation et l'harmonisation des symboles officiels de l'Etat; secrétariat technique de suivi et d'évaluation des résolutions et recommandations du comité interministériel élargi au secteur privé; comité interministériel adhoc de prévention et de lutte contre la grippe aviaire; comité de pilotage du programme national de gouvernance et de lutte contre la corruption; comité interministériel chargé du suivi de la gestion de l'affaire des vingt (20) bateaux de pêche précédemment exploités par la Société Camerounaise de Leasing Maritime, division des transmissions, de l'électronique et de l'informatique, comité de pilotage et de suivi des études de faisabilité détaillées et bancables en vue de la réalisation des projets d'approvisionnement du marché en gaz et en produits pétroliers, équipe-projet mise en place de Camair-Co; commission spéciale de passation des marchés auprès du projet de renforcement et d’extension des réseaux électriques de transport et de distribution.etc.

Ce qu’ils sont en commun ? D’être toutes des structures créées au sein de notre administration soit par décret du président de la République ou du Premier ministre, ou alors un arrêté signé du Pm.

Gouvernement en miniature

Autres similitudes, ces structures sont créées avec des missions précises, un délai et une ligne budgétaire qui sera toujours puisée dans les caisses de l’Etat. Mais, ce qui est impressionnant et c’est la particularité du Cameroun-, c’est bien la taille de ces structures. Morceau choisi « article 1er : Il est créé un Comité Interministériel ad-hoc de prévention et de lutte contre la grippe aviaire ci-après dénommé le « Comité », article 3, présidé par le Premier ministre, Chef du gouvernement, le Comité comprend les membres ci-après : le Ministre d'Etat, Ministre de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, le Ministre de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales, le Ministre de la Santé Publique, le Ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, le Ministre de l'Economie et des Finances, le Ministre de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, le Ministre de l'Environnement et de la Protection de la Nature ; le Ministre du Commerce ; le Ministre de la Communication ; le Ministre des Forêts et de la Faune, le Secrétaire d'Etat à la Défense, chargé de la Gendarmerie. »

Ce comité existe toujours, selon nos sources. Plus que des comités, il s’agit en fait d’un gouvernement en miniature où siègent des fonctionnaires à intervalles réguliers, pendant des années, pour des résultats souvent décevants. Mais, les décrets qui créent ces commissions autorisent aux responsables des commissions d’inviter des personnes externes à l’administration. « Le Président du comité peut inviter aux travaux du Comité toute autre personne ou administration en raison de ses compétences », lit-on souvent dans ces arrêtés.

Au-delà des comités, il y a des programmes et des projets qui sont à classer dans les mêmes catégories. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural bat le record dans ce domaine. On peut citer le Programme national de gestion des pesticides obsolètes au Cameroun, le Projet d’appui au développement communautaire, le Programme de rénovation et de développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, le programme national d’appui à la filière maïs, le Projet de valorisation des  basfonds, le Programme national de vulgarisation et de recherche agricole, le projet crédit rural décentralisé, le projet d’appui à l’insertion des jeunes en agriculture, le programme de réforme du sous secteur engrais, le Projet de relance de la filière pomme de terre etc.

Il s’agit ici de véritables administrations ayant à leur tête des coordonnateurs. Certains font des résultats palpables, mais pour l’essentiel, ce sont des structures budgétivores, des gouffres à sous. Pas plus. Paul Biya demande de limiter leur création quasi quotidienne. Peut-être faudrait-il d’abord demander à celles qui existent de rendre compte. C’est aussi ça gérer.

© Le Jour : Younoussa Ben Moussa

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