Rdpc, Sdf, Upc, Mrc et Udc : Devoir de gratitude
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Le financement des partis politiques repose, pour une bonne part, sur les cotisations des sénateurs, députés, maires et conseillers municipaux. Un statut de « grand militant » pas toujours facile à assumer.

Qui a reçu du parti donnera au parti en retour. Tel semble la loi commune aux formations politiques au Cameroun, du moins pour la plupart. Et ce ne sont ni les maires, ni les députés, ni même les sénateurs, encore moins les conseillers municipaux qui le démentiront. Eux qui se voient fixer un taux minimal de cotisation dès le jour où ils entrent dans leurs nouvelles fonctions. De fait, ils ont cessé d’être des militants ordinaires, pour devenir des « cadres du parti », selon l’expression de Nicole Okala, sénatrice Rdpc. Cela est vrai au Rdpc, le parti au pouvoir, cela l’est aussi dans les autres, notamment le Sdf, le Mrc, l’Udc ou encore l’Upc, pour ne citer que ces quelques organisations qui comptent  actuellement des élus à travers la République.

Si le principe semble acquis pour tous, son application varie d’une formation politique à l’autre. Au Rdpc, tout a été organisé dans deux décisions du président national, Paul Biya, signées le 25 juin 2012. Ces textes ont abrogé toutes les dispositions antérieures contraires, selon la formule consacrée. Ils établissent une hiérarchie entre les élus. Paul Biya, en sa qualité de président de la République, est le seul à qui est réservée une carte de cotisation d’excellence. Il existe aussi une carte de cotisation de grand promoteur accordée à certains militants et sympathisants, qu’ils soient des personnes physique ou morales. Lesquels ? Les textes restent muets.

Aussi bien pour la carte d’excellence que pour la carte de grand promoteur du parti, aucun montant n’est indiqué. Tout juste sait-on que le payement est annuel. Difficile donc de savoir combien Paul Biya cotise au sein de son parti, en tant que président national ou président de la République. Au Rdpc, le sujet semble tabou. « Il est le président du parti et ne saurait être un militant comme les autres. La chose à retenir c’est qu’il cotise au sein du parti », tranche un membre du comité du Rdpc, rencontré au siège du parti sis au palais des Congrès à Yaoundé.

Cotisations spéciales

En revanche, des taux de cotisations spéciales ont été fixés  pour ceux des militants qui exercent certaines fonctions ou un mandat différent de celui du président de la République. C’est le cas notamment des sénateurs, des députés et des maires. Ici aussi, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale cotisent un minimum de 100.000 F.Cfa par mois. Marcel Niat Njifenji et Cavaye Yeguie Djibril, les titulaires respectifs de ces postes, appartiennent à la même catégorie que le Premier ministre et le président du Conseil économique et social.

La catégorie en dessous regroupe les vice-présidents de chaque chambre parlementaire. Ils paient chacun 60.000 F.Cfa mensuellement, au même titre que les membres du gouvernement, les gouverneurs de région, les recteurs d’université d’Etat, les délégués du gouvernement auprès des communautés urbaines, les ambassadeurs du Cameroun à l’étranger, les directeurs généraux des établissements publics et parapublics, mais aussi les présidents des chambres consulaires. Les membres du bureau du Parlement cotisent quant à eux 50.000 F.Cfa, comme les Dg adjoints, les présidents de conseil d’administration ou encore les secrétaires généraux de ministère et assimilés. Les maires et les simples députés sont pour leur part classés dans la catégorie de 40.000 F.Cfa par mois.

Revenus annuels

Si les conseillers municipaux sont oubliés au Rdpc, le Sdf intègre cette catégorie d’élus dans les cotisations obligatoires. « Chaque député et chaque sénateur cotise 10% de son revenu annuel en tant que parlementaire », affirme Joshu Osih, député et vice-président du Sdf. Il insiste sur la notion de revenu, qui est à distinguer du salaire, car tout émolument perçu par un parlementaire est pris en compte, à l’instar des frais de mission. Le parlement effectue directement la coupe et la reverse dans les comptes du Sdf. Les cotisations sont également annuelles chez les maires, mais la contribution de chacun dépend de la taille de la commune qu’il gère. Les cotisations varient donc entre 60.000 et 360.000 F.Cfa par an. Naturellement, l’édile d’une commune de village paie moins que son collègue de Douala dont les revenus annuels peuvent atteindre 2 millions F.Cfa. Il faut y mettre les jetons de présence lors des sessions du conseil municipal ou du conseil de la Communauté urbaine, mais aussi d’autres avantages liés à sa fonction.

La même discrimination concerne les maires adjoints dont les cotisations sont comprises entre 60.000 et 120.000 F.Cfa, ainsi que les conseillers municipaux qui paient de 5.000 à 25.000 F.Cfa. Au sein de la tendance Upc de feu Augustin Frédéric Kodock, les cotisations des élus ont également été régies par les textes du parti. Le député verse 50.000 F.Cfa par mois, au même titre qu’un militant qui est Dg ou ministre. Quant au maire, il paie 25.000 F.Cfa. Au finish, de tous les partis qui siège au Sénat ou l’Assemblée nationale, seul l’Undp n’applique guère le principe des cotisations versées par les élus.

« Chez nous, les participations dépendent des postes occupés au sein du parti et non en dehors. Par exemple, les taux varient selon qu’on est membre du comité central ou pas », explique un maire Undp.  

Opacité

Si tous les partis clament leur transparence, certains perdent leur enthousiasme dès qu’il est question des financements. « A l’Undp, les cotisations sont une affaire interne », coupe court le secrétaire général, Pierre Flambeau Ngayap, par ailleurs sénateur. Le Mrc a lui aussi arrêté le principe de la cotisation versée par ses élus. Pourtant, le député Lazare Souop s’abstient de dire combien il cotise. Le trésorier du parti, Alain Fogue, n’en dira pas plus. Au Rdpc et au Sdf, les barèmes de cotisations sont publics. Mais certains maires considèrent ces obligations comme une bien lourde charge ; surtout qu’ils n’ont pas un salaire à proprement parler. Toujours est-il que la sénatrice Nicole Okala rappelle qu’être maire, député ou sénateur n’est pas un métier et que les élus appartiennent à divers secteurs d’activités.

« On ne compte pas quand on donne au parti qui a permis qu’on soit là où on est. Cela s’appelle de la reconnaissance. C’est la moindre des choses, surtout lorsqu’on fait la politique par passion. Sinon, le parti n’aura pas les moyens de travailler en faveur des populations », dit la sénatrice Nicole Okala. Et gare à ceux qui iront puiser dans les fonds publics pour financer le parti. Il n’y a pas d’excuse aux détournements.

© Le Jour : Assongmo Necdem

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